"Le peuple afghan ne doit pas payer le prix des actions des talibans" : l'UE débloque un milliard d'euros pour un programme d'aide en Afghanistan

Aucun État n’a reconnu le gouvernement taliban. L’Afghanistan se dirige vers une grave crise humanitaire.

"Le peuple afghan ne doit pas payer le prix des actions des talibans" : l'UE débloque un milliard d'euros pour un programme d'aide en Afghanistan
©AFP

Les talibans ont eu leurs premiers entretiens avec une délégation conjointe des États-Unis et de l’Union européenne mardi au Qatar. Les islamistes radicaux poursuivent leurs efforts diplomatiques pour obtenir un soutien international après leur arrivée au pouvoir à Kaboul en août et, depuis, confrontés à la paralysie de l’économie et à l’imminence d’une grave crise humanitaire.

Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, avait exhorté lundi le monde à faire des dons à l'Afghanistan pour éviter l'effondrement économique du pays, mais également critiqué les promesses "non tenues" des talibans envers les femmes et les filles afghanes.

Mardi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé un programme d'aide de l'UE de 1 milliard d'euros destiné à "éviter un effondrement humanitaire et socio-économique majeur", lors d'un sommet virtuel du G20 organisé par l'Italie.

"Le peuple afghan ne doit pas payer le prix des actions des talibans. C'est pourquoi le programme d'aide est destiné au peuple afghan et aux voisins du pays qui ont été les premiers à leur apporter de l'aide", a précisé Mme von der Leyen dans un communiqué.

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"Le paquet comprend les 300 millions d’euros à des fins humanitaires déjà convenus. Cette aide humanitaire s’accompagne d’une aide supplémentaire spécialisée pour les vaccinations, l’hébergement, ainsi que la protection des civils et des droits de l’homme", a précisé la Commission.

"Agir, et rapidement"

Les pourparlers directs à Doha entre représentants des talibans, de l’UE et des États-Unis mardi ont été facilités par le Qatar, qui accueille depuis longtemps un bureau politique des talibans.

Selon la porte-parole de l'UE, Nabila Massrali, ces entretiens devaient "permettre aux États-Unis et aux Européens d'aborder des problèmes" tels que la liberté de déplacement pour les personnes désirant quitter l'Afghanistan, l'accès à l'aide humanitaire et les droits des femmes.

"Il s'agit d'un échange informel, au niveau technique. Il ne constitue pas une reconnaissance du gouvernement par intérim ", a insisté Mme Massrali. Le régime taliban n'a jusqu'ici été reconnu par aucun pays.

L'UE cherche avant tout à prévenir un "effondrement" de l'Afghanistan, a déclaré de son côté le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en amont des discussions de mardi. "Nous ne pouvons pas nous contenter de regarder et d'attendre. Nous devons agir, et rapidement", a-t-il ajouté.

Samedi à Doha, les talibans avaient rencontré des responsables américains pour les premières discussions directes avec Washington depuis leur prise du pouvoir à la mi-août. Leur chef de la diplomatie a appelé les États-Unis à établir de "bonnes relations" et à ne pas "affaiblir l'actuel gouvernement en Afghanistan".

"Priorités"

La reprise du pouvoir par les talibans est une "réalité dont nous devons tenir compte […]. Le plus important maintenant est d'interagir avec eux", a déclaré mardi Mutlaq al-Qahtani, envoyé spécial du ministre qatari des Affaires étrangères, esquivant une question sur les circonstances dans lesquelles le gouvernement qatari serait prêt à reconnaître le gouvernement des talibans. La "priorité maintenant est la situation humanitaire, l'éducation et la libre circulation" des personnes souhaitant quitter l'Afghanistan, a-t-il poursuivi.

Les États-Unis ont envahi l’Afghanistan en 2001 et fait chuter le régime des talibans, en réponse aux attentats du 11 Septembre planifiés par Al-Qaïda depuis l’Afghanistan, alors contrôlé par les talibans. Les troupes américaines se sont retirées fin août dernier, au terme d’un accord avec les talibans.

La prise de pouvoir des talibans a entraîné l’évacuation d’Afghanistan de plus de 100 000 personnes qui redoutaient des exactions ou des actes de vengeance de la part des nouveaux maîtres du pays.

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