Japon : la Princesse Mako se marie pour le meilleur, mais pas pour l’Empire
La Princesse a épousé mardi un roturier après quatre années de vive controverse.
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Publié le 26-10-2021 à 19h34 - Mis à jour le 26-10-2021 à 19h35
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Mako d’Akishino a fini par épouser mardi son prince charmant. À ce détail près, justement, que son mari, Kei Komuro, n’est pas un prince, mais un avocat auprès du cabinet new-yorkais Lowenstein Sandler. Ce n’est sans doute pas la cause en soi des déboires que le couple, fiancé depuis septembre 2017, a connus, mais la situation familiale du jeune marié a défrayé la chronique au Japon, retardé une union ardemment désirée par les amoureux, et provoqué chez la Princesse un stress post-traumatique qui pourrait nuire à ses projets.
Fille du prince héritier Fumihito d’Akishino et de la princesse Kiko, nièce de l’empereur Naruhito monté sur le trône le 1er mai 2019 à la faveur de l’abdication sans précédent de son père, Akihito, Mako n’était pas destinée à régner - la succession sur le trône du Chrysanthème se fait toujours par voie exclusivement masculine. Cependant, comme le mariage de toute personne appartenant à la maison impériale japonaise obéit à des rituels immuablement stricts, la jeune femme n’était pas pour autant totalement libre de ses choix.
Ce n’était, certes, pas la première fois qu’une princesse nippone jetait son dévolu sur un roturier. En octobre 2018, Ayako, fille du prince Norihito, un cousin de l’empereur Akihito, avait épousé un employé de la compagnie maritime NYK. Ce faisant, elle n’avait fait qu’imiter sa sœur aînée, Noriko, qui, quatre années plus tôt, avait convolé en justes noces avec un prêtre shinto de seize ans son aîné.
Une dette d’honneur
La démarche de Mako n’avait donc plus rien d’exceptionnel et elle n’aurait pas fait de vagues si le soupirant n’avait malheureusement pas traîné un boulet qui, sous d’autres cieux, aurait paru plutôt insignifiant : sa mère n’aurait pas remboursé à un ancien compagnon une somme de quelque 4 millions de yens (soit 30 000 euros) qui aurait servi à financer les études du jeune homme.
Au Japon, le code d’honneur ne permet pas de prendre à la légère un tel manquement. Moins encore au Palais, où les membres de la famille impériale sont tenus d’être irréprochables, quand bien même ils entendent renoncer à toute fonction officielle. C’est le cas de Mako, qui, en devenant mardi Mme Komuro, a cessé d’être Princesse - elle a, au demeurant, coupé les ponts comme personne avant elle puisqu’elle a refusé l’indemnité de plus d’un million d’euros qui est d’ordinaire versée aux femmes en pareilles circonstances.
Une opinion divisée
La tempête médiatique a poussé le Palais à différer le mariage. Le futur gendre est parti poursuivre ses études de droit aux États-Unis en 2018 et n’est rentré à Tokyo que le mois dernier. Le mariage a été célébré de la façon la plus discrète, sans cérémonie, ni banquet, et les conjoints, tous deux âgés de 30 ans, prévoient de s’installer à New York, pourvu que les soucis de santé de l’ex-Princesse ne la privent pas d’un visa de travail (elle a une formation en histoire de l’art et muséologie suivie au Japon et au Royaume-Uni).
La saga a divisé l’opinion nippone et, aujourd’hui encore, un Japonais sur trois se déclare hostile à cette idylle qui n’est pas sans rappeler celle d’Harry et Meghan. La controverse s’inscrit par ailleurs dans un contexte particulier : aucun héritier mâle n’est né dans la famille impériale entre 1965 et 2006. La naissance, cette année-là, de Hisahito, le petit frère de Mako, devenu deuxième dans l’ordre de succession après leur père, Fumihito, a provisoirement clos le débat sur l’accès des femmes au trône. Mais pour combien de temps ?