Qui est Kassym-Jomart Tokaïev, le président kazakh qui se veut "aussi dur que possible" face aux protestations ?
Le très discret président kazakh est mis à rude épreuve par de fortes protestations dans les villes de son pays.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/cb39bb5a-f48d-48b8-882c-ad3b779b19dd.png)
Publié le 06-01-2022 à 13h32 - Mis à jour le 06-01-2022 à 21h36
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PRCJL77F3BE7VJ7RAYYPFWZ7OM.jpg)
Lors de son ascension au pouvoir, il entendait diriger un "État à l'écoute" des attentes de la population. Il martèle aujourd'hui vouloir être "aussi dur que possible" face aux protestations qui secouent les principales villes du Kazakhstan. Éclipsé donc, le diplomate de carrière policé, qui passa de nombreuses années à œuvrer contre la prolifération nucléaire dans les cénacles onusiens. Bienvenue au chef de guerre, figure de proue d'un régime autoritaire fortement contesté par la rue. Dans ce bras de fer, le président kazakh joue sa survie politique mais aussi sa stature d'homme d'État, reconnu et respecté. Car depuis sa nomination en mars 2019, Kassym-Jomart Tokaïev ne parvient pas à se départir de l'image d'un pantin du "père de la nation" kazakh, Nursultan Nazarbayev.
Véritable homme fort du Kazakhstan à partir de 1990, c'est bien ce dernier qui a "fait" Kassym-Jomart Tokaïev en propulsant ce pur produit du régime soviétique au sommet de l'État. D'abord comme vice-ministre des Affaires étrangères, puis comme président du Sénat et directeur-général du bureau des Nations unies à Genève. Il fut aussi, accessoirement, le président de la fédération kazakhe de ping-pong pendant 13 ans.
Choisi comme successeur de Nursultan Nazarbayev pour sa loyauté au "père", il avait entamé une ouverture du régime en 2019. Réformes économiques et sociales, abolition de la peine de mort, décentralisation du pouvoir, etc. Tous les mots magiques étaient réunis pour s'attirer la bonne grâce des investisseurs occidentaux, alléchés par les perspectives juteuses de ce pays producteur de pétrole, plus grand à lui seul que toute l'Europe de l'Ouest. Les critiques d'ONG et défenseurs des droits de l'homme, qui pointaient du doigt la persistance d'abus et de dérives policières, étaient soigneusement écartées. Jusqu'à aujourd'hui.
Son sourire crispé toujours aux lèvres, Kassym-Jomart Nazarbayev doit maintenant choisir. Écouter la rue comme il l’avait promis, et sortir de l’ombre de Nazarbayev. Ou recourir à la seule force pour étouffer toute contestation et rester ce que tout le monde attendait de lui : un Nazarbayev 2.0.