Les députés français condamnent "le génocide" perpétré par la Chine contre les Ouïghours

Incarcération dans des camps, stérilisation forcée des femmes, transfert des enfants vers des internats d’Etat, acculturation, travail forcé: les parlementaires estiment qu'il y a bien “intention de détruire, ou tout ou en partie, le groupe ouïghour en République populaire de Chine”.

Les députés français condamnent "le génocide" perpétré par la Chine contre les Ouïghours
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Les députés français ont voté, jeudi à Paris, une résolution condamnant la persécution, par le régime communiste chinois, des Ouïghours au Xinjiang. Incarcération dans des camps, stérilisation forcée des femmes, séparation des familles et transfert des enfants vers des internats d'Etat, destruction des lieux de culte, de la langue et de la culture, travail forcé : les élus sont arrivés à la conclusion qu'il y a bien "intention de détruire, ou tout ou en partie, le groupe ouïghour en République populaire de Chine" et reconnaissent ainsi, officiellement, que les violences perpétrées contre les membres de cette ethnie et d'autres minorités turciques de la région sont "constitutives de crimes contre l'humanité et d'un génocide".

Si le texte a été initié par les socialistes, les parlementaires de différents bords l'ont soutenu avec conviction – de La République en marche aux Verts en passant par les Républicains - et adopté à la quasi-unanimité (Insoumis et communistes se sont abstenus, tandis qu'un député LREM, Buon Tan, s'y est opposé). "Les déclarations sont indispensables, mais si nous nous contentons de déclarations, nous ne resterons que des tigres de papier. Il est donc temps que la France agisse avec force, conformément à ses valeurs", a déclaré Cédric Villani, après avoir cité Lao Tseu : "Les mots de vérité manquent souvent d'élégance".

Le 8 juillet dernier, les députés belges avaient déjà reconnu "un risque sérieux de génocide contre la minorité ouïghoure". Les élus néerlandais, tchèques, lituaniens, britanniques et canadiens ont voté en ce sens également, tandis qu'aux États-Unis, l'Exécutif a, lui-même, accusé la Chine de "génocide". Les élus français ont également demandé à leur gouvernement de les suivre, en reconnaissant à son tour, officiellement, et en condamnant ces crimes les plus graves. Ce que le gouvernement belge n'a pour sa part jamais fait, même si Alexander De Croo avait qualifié d' "inquiétant", il y a un an à la Chambre, "le génocide des musulmans ouïghours".

"Crimes trop grands et criminels trop puissants"

Dans leur résolution, les députés français réclament aussi de l'Exécutif qu'il adopte "les mesures nécessaires auprès de la communauté internationale et dans sa politique étrangère à l'égard de la République populaire de Chine pour faire cesser ces crimes et pour que les libertés fondamentales des Ouïghours et autres minorités turciques soient respectées". Car "il est apparemment des crimes trop grands et des criminels trop puissants pour trouver la moindre place dans vos longs discours", a lancé l'eurodéputé Raphaël Glucksmann à l'adresse d'Emmanuel Macron mercredi au Parlement européen de Strasbourg.

"Vous avez chanté les droits humains en général, mais vous avez à nouveau ignoré le pire crime contre l'humanité de notre temps, la déportation et l'éradication du peuple ouïghour. Or que valent les droits humains sans le courage de les défendre ?", a poursuivi l'élu européen, qui fait partie, comme l'écologiste belge Samuel Cogolati, des parlementaires sanctionnés par Pékin pour ingérence "grossière" dans ses affaires intérieures. "La seule fois en quatre ans où vous avez évoqué le sort des suppliciés ouïghours, c'était pour dire que la France seule ne pouvait rien et que l'échelle européenne seule permettait un impact. Vous êtes maintenant à la tête de l'Union, et ? Et toujours rien. Voilà le problème. Les principes nous les connaissons, les droits humains nous les défendons. Ce qui manque, c'est le courage de les porter quand l'adversaire est puissant."

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