La Chine ne parvient pas à un accord sur la sécurité avec les nations du Pacifique
Les pourparlers entre le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et les représentants de 10 nations du Pacifique n'ont pas abouti lundi à un accord portant sur la sécurité, après de vives mises en garde sur le risque pour la région de tomber dans le giron de Pékin.
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- Publié le 30-05-2022 à 10h36
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Un sommet virtuel sur une plus grande coopération diplomatique, économique et politique entre Pékin et les pays de la région semble avoir échoué, certains dirigeants ayant fait part de leur profonde inquiétude.
"Comme toujours, nous avons privilégié le consensus" et il devra être atteint pour signer tout "nouvel accord régional", a déclaré le co-organisateur et Premier ministre fidjien Frank Bainimarama à l'issue de cette rencontre.
M. Wang se trouve à Suva, la capitale des Fidji, dans le cadre d'une tournée de dix jours dans la région, au moment où Pékin et Washington se disputent leur influence dans cette région stratégique.
Avant sa venue, Pékin a proposé un accord portant sur la manière dont la Chine entend notamment entraîner leur police, les aider en matière de cybersécurité, mais aussi réaliser des cartographies des fonds marins sensibles et obtenir un meilleur accès à leurs ressources naturelles maritimes et terrestres.
Pékin leur fait miroiter des millions de dollars d'aide financière, la perspective d'un accord de libre-échange avec les îles Chine-Pacifique et l'accès au vaste marché chinois.
La Chine se présente comme étant un "grand pays en développement" qui se tient aux côtés des petites et moyennes nations.
Avant l'ouverture de ce sommet, le président chinois Xi Jinping a envoyé un message, affirmant que son pays serait "un gentil frère" pour la région et qu'ils partageaient un "destin commun", selon la télévision publique chinoise CCTV.
Dans une lettre adressée à d'autres dirigeants de la région, le président des États fédérés de Micronésie, David Panuelo, a qualifié de "fallacieuse" cette proposition d'accord destinée à "assurer l'influence chinoise sur le gouvernement" et le "contrôle économique" des secteurs clés.
A l'issue de la réunion, qui s'est tenue à huis clos lundi, M. Wang n'a pas mentionné le document proposé.
"Dégager un consensus"
Il a cependant indiqué que les deux parties "continueraient à avoir des discussions et des consultations continues et approfondies afin de dégager un consensus plus large sur la coopération".
"La Chine publiera sa propre position", qui évoquera "nos propres positions et celles des pays insulaires du Pacifique", selon lui.
M. Wang a cependant annoncé que les 10 nations insulaires ont conclu des protocoles d'accord sur la nouvelle route de la soie et appelé à ne pas s'inquiéter des desseins de Pékin.
De nombreux pays occidentaux sont agacés par cette offensive de Pékin, le département d'État américain mettant en garde les nations du Pacifique contre ces "accords opaques et vagues "avec la Chine.
L'Australie s'est jointe aux États-Unis pour demander instamment à la Chine de cesser d'étendre son influence sur le plan sécuritaire dans la région.
Les nations du Pacifique restent soucieuses de maintenir de bonnes relations avec la Chine, de trouver un juste équilibre entre Pékin et Washington ou encore de s'en servir pour les faire jouer l'un contre l'autre.
Alors qu'il se tenait aux côtés du ministre chinois, le Premier ministre fidjien s'en est pris à ceux qui se livrent à une "course pour marquer des points géopolitiques".
"Cela ne signifie rien pour quiconque qui est menacé par la montée des eaux, qui a perdu son emploi en raison de la pandémie ou dont la famille est touchée par la hausse des prix des produits de première nécessité".
La plupart des île du Pacifique sont de faible altitude, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la montée des eaux causée par le changement climatique.