Sri Lanka: le favori de la présidentielle dans le collimateur des manifestants

Un vétéran de la politique du Sri Lanka, soutenu par le parti du président déchu Gotabaya Rajapaksa, est le favori de l'élection présidentielle de ce pays plongé dans la tourmente, estimaient les analystes après la nomination des candidats par le parlement mardi.

Sri Lanka: le favori de la présidentielle dans le collimateur des manifestants
©AP

Le vainqueur de l'élection présidentielle, au suffrage indirect, prendra la tête de ce pays en faillite pour le reste du mandat de M. Rajapaksa, qui se termine en novembre 2024.

Le Parlement a désigné le président par intérim, Ranil Wickremesinghe qui sera opposé lors d'un vote à bulletin secret mercredi à l'ancien ministre de l'Education, Dullas Alahapperuma, soutenu par le principal parti d'opposition, et au dirigeant de la gauche, Anura Dissanayake.

L'île de 22 millions d'habitants subit de graves pénuries de produits de première nécessité depuis la fin de l'année dernière, le pays n'ayant plus de devises étrangères pour financer les importations essentielles.

Le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars à la mi-avril et est en pourparlers avec le FMI pour un éventuel renflouement.

Après des mois de manifestations, M. Rajapaksa a fui aux Maldives avant de trouver refuge à Singapour la semaine dernière, d'où il a présenté sa démission.

Manifestation prévue

La majorité du SLPP, parti des Rajapaksa, le plus grand du parlement, devrait se ranger au côté de M. Wickremesinghe, a indiqué à l'AFP le député tamoul Dharmalingam Sithadthan.

"Ils sont venus solliciter mon vote en faveur de Ranil (Wickremesinghe). Ranil apparaît comme le candidat de la loi et de l'ordre", a-t-il ajouté.

Mais les manifestants, eux, prévoient un nouveau rassemblement plus tard mardi dans la capitale pour exiger la démission du cacique de 73 ans, qui a été six fois Premier ministre.

Ils le considèrent comme un allié et un protecteur du clan Rajapaksa, qui domine la politique du pays depuis de nombreuses années.

Selon l'analyste politique Kusal Perera, M. Wickremesinghe "a regagné l'approbation des classes moyennes urbaines en rétablissant certains approvisionnements, du gaz notamment, et il a déjà fait le ménage dans les bâtiments du gouvernement, montrant ainsi sa fermeté".

La semaine dernière, il a ordonné aux troupes l'expulsion des manifestants qui occupaient des bâtiments publics.

L'ancien président Mahinda Rajapaksa, frère aîné de Gotabaya et chef du clan, est toujours au Sri Lanka. Selon des sources du parti, il fait pression sur les députés du SLPP pour qu'ils soutiennent M. Wickremesinghe.

Si M. Wickremesinghe était confirmé dans ses fonctions, il pourrait nommer le ministre de l'Administration publique Dinesh Gunawardena, un de ses amis d'école et un fidèle de M. Rajapaksa, au poste de Premier ministre.

Candidat du rassemblement

Quant à son principal adversaire, M. Alahapperuma, ancien journaliste de 63 ans, et dissident du SLPP divisé, se présente comme le candidat du rassemblement.

Il a promis de former ce qu'il appelle "un véritable gouvernement consensuel pour la première fois de notre histoire", sur Twitter il y a trois jours.

Les manifestants ne se sont pas fait entendre contre lui.

Il a obtenu le soutien du chef du parti d'opposition SJB, Sajith Premadasa, qui a annoncé mardi sur Twitter le retrait de sa propre candidature en sa faveur.

"Pour le plus grand bien de mon pays que j'aime et du peuple que je chéris, je retire ma candidature au poste de président", a déclaré M. Premadasa.

Dullas Alahapperuma militait pour les droits humains à la fin des années 1980, lorsque le père de M. Premadasa, Ranasinghe, dirigeait le pays d'une main de fer.

Un député du SJB a affirmé à l'AFP que les deux hommes avaient conclu un accord dans la nuit pour que M. Premadasa devienne le prochain Premier ministre si M. Alahapperuma était élu à la présidence.

"Nous avons un programme minimum commun sur lequel nous nous sommes mis d'accord", a poursuivi ce député, "nous n'avions qu'un seul point d'achoppement sur le choix du président et cela a été réglé hier soir".

Le troisième candidat Anura Dissanayake, 53 ans, est le chef du JVP (Front de libération du peuple), un parti de gauche qui dispose de trois sièges seulement au Parlement.

Lundi, M. Wickremesinghe a prolongé l'état d'urgence en donnant des pouvoirs étendus à la police et aux forces de sécurité pour le maintien de l'ordre.

Selon les observateurs, il n'hésitera pas à sévir en cas de victoire si les manifestants devaient la contester et descendre à nouveau dans la rue.

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