Qui est Ranil Wickremesinghe, le nouveau président du Sri Lanka qui semble déterminé à résoudre la crise avec fermeté?
Il est le représentant d’une dynastie puissante.
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Publié le 22-07-2022 à 19h44 - Mis à jour le 22-07-2022 à 19h45
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"Je suis un ami du peuple", assène ce cacique de 73 ans aux cheveux argentés. "Mais de quel peuple ?" peuvent être tentés de lui répondre les protestataires qui ont mis à bas le puissant clan Rajapaska après quatre mois de mobilisation citoyenne.
Ranil Wickremesinghe est issu d’une famille enrichie dans les plantations et l’édition et, à ce titre, l’une des dynasties régnantes du Sri Lanka. Lui a certes commencé sa carrière comme reporter. Mais c’est bien son oncle, l’ancien président Junius Jayewardene (1978-1989), qui le projette sur le devant de la scène en le nommant, en 1977, vice-ministre des Affaires étrangères. M. Jayerwardene avait beau être surnommé le "vieux renard", M. Wickremesinghe est réputé encore plus habile à naviguer dans les arcanes du pouvoir.
À partir de 1993, il occupe à six reprises les fonctions de Premier ministre. En 2015, il est bien éclaboussé par un scandale de délit d’initié impliquant des obligations de la Banque centrale. Mais à l’époque, c’est un ancien camarade d’école, qu’il avait placé à la tête de l’institution, qui tombe. M. Wickremesinghe, marié à une professeure d’anglais, sans enfants, continue de jouir d’une réputation de réformateur pro-occidental qui rassure les négociateurs du FMI bien plus que les contestataires qui bloquent Colombo depuis le mois de mars. Quand ceux-ci envahissent la résidence du président Gotabaya Rajapaska, le 9 juillet, ils n’épargnent pas la villa de M. Wrickemesinghe. Les 2 500 livres de sa bibliothèque, son "plus grand trésor", sont réduits en cendres dans un incendie. Peut-être faut-il chercher ici la raison de la fermeté du nouveau président.
À peine élu par le Parlement, avec le soutien des députés du clan Rajapaska et sous l'œil attentif des responsables de la sécurité nationale, il ordonne à sa police de démanteler le camp révolutionnaire et d'en déloger ses manifestants. Il a d'ores et déjà affirmé qu'il n'y aurait pas de solution rapide au marasme économique et financier sans précédent de son pays. "Nous sommes en faillite", a-t-il répété. "Le pire est à venir." Il semble néanmoins peu probable que le chef de l'État cherche à entraîner son "ami", le peuple, dans la recherche d'une solution constructive.