Comment Malala Yousafzai est devenue une icône du combat pour l'éducation des filles

Dans notre série "Les étudiants qui ont marqué l'Histoire", nous allons vous raconter comment des hommes et des femmes sont devenus célèbres et ont impacté l'histoire alors qu'ils étaient encore étudiants. Pour ce huitième et dernier numéro, "La Libre Etudiant" s'est intéressée à Malala Yousafzai.

Comment Malala Yousafzai est devenue une icône du combat pour l'éducation des filles
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"Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie." Les propos tenus par Malala Yousafzai, le 12 juillet 2013 à l'ONU, resteront gravés dans les mémoires. Accueilli par une standing ovation, le discours de la jeune militante pakistanaise témoigne de son engagement vigoureux pour le droit à la scolarisation des femmes, un combat qui l'anime depuis sa plus tendre enfance et qui a fait d'elle la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix, après avoir miraculeusement survécu à un attentat.

Une vie de militante et de résistante

Malala Yousafzai est née le 12 juillet 1997 à Mingora, dans le nord du Pakistan. D'aussi loin qu'elle se souvienne, la jeune femme a toujours été sensibilisée à l'éducation des femmes. Notamment grâce à son père, Ziauddin, lui-même militant pour l'éducation et propriétaire d'une école pour femmes qui finira par prendre son nom. "Ses soeurs, mes tantes, ne sont pas allées à l'école du tout, tout comme des millions de filles dans mon pays. Mon père voyait l'éducation comme un grand cadeau et pensait que le manque d'éducation était à l'origine des problèmes du Pakistan", écrit Malala dans son livre "Moi, Malala. Je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans".

L'accès à l'éducation n'a jamais été aisé au Pakistan, et encore moins pour les femmes qui sont encore vues comme des "mères" ou des "cuisinières". De manière générale, le pays manque cruellement d'établissements scolaires, et les familles pauvres n'ont pas les moyens ou la volonté d'envoyer leurs enfants à l'école. Malheureusement, à l'arrivée des talibans, les choses se sont encore empirées. Ces derniers se sont mis à brûler les écoles pour filles et à tuer ceux qui s'y opposaient. Malala et sa famille ont donc été contraints de fuir.

Encouragée par son père, Malala, qui n'avait alors que 11 ans, décide de décrire sa vie sous le régime des talibans. Elle se met donc à alimenter un blog en ourdou, sa langue natale, sur le site de la BBC sous le pseudonyme Gul Makai. "Bien que nous aimions l'école, nous n'avions pas réalisé à quel point l'éducation était importante jusqu'à ce que les talibans essaient de nous en empêcher. Aller à l'école, lire et faire nos devoirs n'était pas seulement une façon de passer le temps, c'était notre avenir", a-t-elle notamment écrit.

Une femme à abattre aux yeux des talibans

Bien vite, son nom de plume se propage à Swat, dans la vallée où elle vit, puis dans le reste du pays. Elle incarne le symbole de la résistance et de la cause des femmes. En 2009, lorsque les talibans sont repoussés par l'armée pakistanaise, Malala et sa famille rentrent chez eux. Autorisée à retourner à l'école, la jeune femme continue son combat pour l'éducation des femmes, mais reçoit rapidement des menaces. Furieux d'être ainsi défiés, les talibans n'ont plus qu'une seule idée: se venger de cette jeune femme qu'ils voient comme "un agent de l'Occident propageant une culture anti-islamique". En 2012, ils débarquent donc dans le bus scolaire où se trouve l'adolescente et, après avoir demandé "où est Malala", ils lui tirent une balle dans la tête, avant de viser deux autres adolescentes. La jeune fille de 15 ans est très grièvement blessée mais miraculeusement en vie. Après des mois de rééducation et un transfert dans un hôpital de Birmingham (Royaume-Uni), la jeune femme se remettra finalement de cette attaque et terminera ses études secondaires dans cette ville. Elle gardera toutefois comme séquelles un coin de bouche paralysé. Plutôt que de la faire taire, l'attentat dont a réchappé l'adolescente permet de rendre son combat encore plus célèbre. "Je ne veux pas être considérée comme la "fille qui a été abattue par les talibans", mais la "fille qui s'est battue pour l'éducation". C'est la cause à laquelle je veux consacrer ma vie", dit-elle.

Un an plus tard, le 12 juillet 2013, elle est invitée à l'ONU où elle prononce son célèbre discours en faveur de l'éducation pour toutes les petites filles du monde entier. Depuis, le 12 juillet de chaque année est le "Malala Day" qui vise à rappeler l'importance de l'éducation des femmes.

L'éducation des femmes, un enjeu de taille

Ces 25 dernières années, le taux mondial de scolarisation des filles était passé de 73% à 89%. Mais, depuis, le Covid est passé par là, anéantissant une partie des progrès effectués et renforçantles inégalités de genre. A l'heure actuelle, les filles sont toujours plus susceptibles d'être déscolarisées que les garçons. "Pourtant, l'éducation des filles est l'un des investissements les plus importants que nous puissions faire pour notre avenir collectif. Lorsqu'une fille bénéficie d'une éducation, l'impact est positif et considérable. L'éducation des filles renforce l'économie, réduit les inégalités et crée plus d'opportunités pour tous", conclut l'Unesco.

Pour son combat en faveur de l'éducation, Malala a reçu le prix Nobel de la paix, aux côtés de l'Indien Kailash Satyarthi. Une consécration qui a rendu son combat encore plus célèbre. En 2020, elle a été diplômée d'Oxford où elle a étudié la philosophie, l'économie et la politique. Avant de se marier en 2021. Celle qui voulait auparavant devenir médecin lorsqu'elle était petite ne rêve plus que d'une chose : agir encore plus pour l'éducation des femmes, et pourquoi pas en se lançant en politique dans son propre pays.

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