L'ancien président pakistanais Pervez Musharraf, allié de Washington contre Al-Qaïda, est décédé

L'ancien président du Pakistan est décédé dimanche à 79 ans.

(FILES) In this file photo taken on April 20, 2013 Pakistan's former president Pervez Musharraf (C) is escorted by soldiers as he salutes on his arrival at an anti-terrorism court in Islamabad. - Pakistan's former military ruler Pervez Musharraf has died in Dubai aged 79 after a long illness, the army said on February 5, 2023. (Photo by Aamir QURESHI / AFP) / XGTY
L'ancien président du Pakistan, Pervez Musharraf, est décédé. ©AFP or licensors

L’ex-président Pervez Musharraf, dernier dirigeant militaire du Pakistan dont il avait fait un allié des États-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, est décédé à Dubaï à l’âge de 79 ans des suites d’une longue maladie à Dubaï, où il était hospitalisé, a annoncé dimanche l’armée.

Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en 1999 et resté à la tête du pays jusqu’en 2008, ce général quatre étoiles s’était autoproclamé président en juin 2001 et occupait donc ce poste au moment des attentats du 11-Septembre contre les États-Unis.

La "guerre contre le terrorisme"

Épaules droites, moustache grisonnante et inamovibles lunettes, cet admirateur de Napoléon et de Richard Nixon avait renversé le Premier ministre Nawaz Sharif sans violence, endossant le titre de président de la République en 2001. Ce fumeur de cigares et buveur de whisky, initialement perçu comme un modéré, s’était érigé en principal allié régional de Washington dans la lutte contre Al-Qaïda. Il avait échappé à au moins trois tentatives d’assassinat de la part de cette organisation.

Le président pakistanais Arif Alvi et les hauts responsables militaires ont exprimé leurs condoléances à l’intention de la famille.

L’ancien chef d’État, qui avait été contraint de quitter le pouvoir sous la menace d’une procédure de destitution, est décédé dimanche matin, ont précisé des médias et un haut responsable de la sécurité.

Pendant ses neuf années au pouvoir, le Pakistan a vu la croissance économique décoller, la classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l’armée jouer la carte de l’apaisement face à l’Inde rivale. "Sous Musharraf, la décision du Pakistan de se rallier à la 'guerre contre le terrorisme' s'est révélée être une aubaine", relève l'analyste Hasan Askari, évoquant l'afflux d'aide internationale dont le pays a bénéficié en conséquence. "Il restera comme quelqu'un qui aura présidé le Pakistan à un moment très critique", ajoute M. Askari.

Pervez Musharraf, un ancien commando d’élite né à Delhi le 11 août 1943, quatre ans avant la partition du Pakistan, était chef d’état-major des armées quand il avait renversé en octobre 1999 le gouvernement civil de Nawaz Sharif, sans effusion de sang. Il s’était autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé.

En 2007, M. Musharraf avait toutefois atteint des sommets d’impopularité après avoir tenté de limoger le président de la Cour suprême.

Au lendemain de l’assassinat de la dirigeante de l’opposition Benazir Bhutto en décembre 2007, les défaites écrasantes subies par ses alliés lors des élections de 2008 l’avaient laissé isolé. Soumis à la pression de la justice et de la coalition victorieuse dans les urnes, qui s’était montrée prête à lancer une procédure de destitution à son encontre, il avait été contraint à la démission en août 2008.

En 2013, il avait interrompu un luxueux exil volontaire pour tenter de revenir au pouvoir mais sa candidature avait été invalidée et le scrutin avait été remporté par Nawaz Sharif, l’homme qu’il avait renversé en 1999.

Il avait rejoint Dubaï en 2016 pour des traitements médicaux liés à une amylose, une pathologie rare touchant les organes vitaux. En 2019, un tribunal spécial avait condamné Pervez Musharraf à la peine de mort par contumace pour "haute trahison", pour avoir instauré l'état d'urgence en 2007. Mais sa condamnation avait été annulée peu après.

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