”Partez immédiatement !” : un incident inédit en mer de Chine méridionale
La marine chinoise a voulu chasser un avion des garde-côtes philippins qui transportait des journalistes pour un survol de l’archipel contesté des Spratleys.
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Publié le 10-03-2023 à 16h39 - Mis à jour le 10-03-2023 à 20h42
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Un nouvel incident a mis aux prises jeudi la Chine et les Philippines au-dessus de l’archipel des Spratleys, un vaste ensemble d’îlots, de récifs et de bancs de sable en mer de Chine méridionale que revendiquent, en tout ou partie, plusieurs pays de la région. L’originalité, cette fois, c’est que l’avion des garde-côtes philippins impliqué transportait des journalistes, alors que la presse est généralement tenue à l’écart pour réduire la tension.
“Vous avez pénétré [dans les eaux bordant] un récif chinois et constituez une menace pour la sécurité. Pour éviter tout malentendu, partez immédiatement !”, a ordonné l’opérateur radio d’un navire chinois se trouvant mille mètres plus bas, à l’adresse de l’avion philippin, selon l’Agence France Presse (AFP) qui faisait partie des médias embarqués. Le pilote a rétorqué que l’appareil survolait le territoire des Philippines, plus précisément une île et un banc de sable occupés par Manille.
Une présence chinoise renforcée
La Chine populaire revendique depuis toujours la totalité des Spratleys, qui s’étirent pourtant à des milliers de kilomètres de ses côtes, mais elle a significativement renforcé ses prétentions depuis une dizaine d’années en occupant, développant et militarisant plusieurs îlots dont la superficie a été artificiellement augmentée. Des incidents ont surtout opposé les Chinois aux Vietnamiens, mais, plus récemment, alors que Pékin étendait son emprise, ils se sont multipliés avec les Philippins, dont l’accès à des zones de pêche ancestrales est désormais contrarié.
En juillet 2016, la Cour internationale d’arbitrage de La Haye, saisie par Manille, a rendu un arrêt totalement défavorable à la Chine, que celle-ci a choisi d’ignorer. Le président philippin de l’époque, Rodrigo Duterte, avait préféré ménager le premier partenaire commercial de son pays, mais son successeur, Ferdinand Marcos Jr, refuse, quant à lui, de brader le territoire national.
Le rapport de force est, toutefois, inégal. Lors du survol de l’atoll Sabina et de l’île Thitu, revendiqués par les Philippines, l’AFP a compté pas moins d’une trentaine de navires chinois déployés dans la zone pour dissuader toute incursion.