Pita Limjaroenrat, le potentiel nouveau visage de la politique thaïlandaise
Avec ses traits juvéniles et une personnalité atypique, Pita Limjaroenrat devrait, s’il est élu Premier ministre, donner un nouveau look à la vie politique thaïlandaise.
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Publié le 15-05-2023 à 22h00
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Il n’a pas encore la partie gagnée, mais il a déjà créé la surprise et fait sensation : Pita Limjaroenrat devrait logiquement devenir le prochain Premier ministre de la Thaïlande, après le triomphe de son parti, Move Forward ("Aller de l’avant"), aux législatives de dimanche. Et, avec lui, c’est un chef de gouvernement atypique que le royaume traditionnellement conservateur est sur le point de se donner. Homme d’affaires de 42 ans passé à la politique en 2019 avec son élection à la Chambre, éduqué au Christian College de Bangkok puis en Nouvelle-Zélande, Pita, qui est titulaire d’une maîtrise en administration publique de Harvard et d’un MBA du Massachusetts Institute of Technology, ponctue ses discours de mots anglais et est adulé par la jeunesse comme une pop star.
Ensemble, Move Forward et l’autre grand parti d’opposition, Pheu Thai, lié aux anciens Premiers ministres Thaksin et Yingluck Shinawatra, ont remporté vingt-cinq millions de voix, cinq fois plus que le Parti de la Nation thaïlandaise du général Prayut Chan-o-cha, au pouvoir depuis le coup d’État du 22 mai 2014. L’armée n’en reste pas moins incontournable, notamment en mobilisant les 250 sénateurs qu’elle choisit directement, ce qui obligera l’opposition à former une coalition pour réunir les 376 sièges nécessaires à l’Assemblée nationale pour désigner le futur Premier ministre. Ou en brandissant la menace d’un nouveau putsch - le pays en a connu près d’une vingtaine depuis l’instauration d’une monarchie constitutionnelle en 1932.
Or, les relations avec l’oligarchie militaire s’annoncent orageuses. La victoire écrasante de l’opposition sonne comme un désaveu cuisant pour la junte, et Pita a promis des réformes ambitieuses pour remettre la démocratie sur les rails. De l’abrogation de la conscription à la révision du crime de lèse-majesté (réprimé par une loi draconienne), ses intentions inquiètent l’élite militaro-royaliste. Toutefois, comme le Pheu Thai semble réticent à le suivre dans cette voie, le chef du gouvernement pourrait se concentrer, dans l’immédiat, sur la relance d’une économie thaïlandaise en petite forme avec une agriculture défaillante et une industrie touristique frappée de plein fouet par la pandémie. Pita peut revendiquer une expertise en la matière, lui qui a redressé l’entreprise agroalimentaire familiale, avant de diriger la filiale thaïlandaise de l’application de livraison de nourriture Grab.