Charles Michel met en avant un "partenariat sincère" en Asie centrale

Le président du Conseil européen Charles Michel a plaidé vendredi pour un "partenariat sincère" avec les pays d'Asie centrale afin de renforcer l'empreinte de l'UE dans cette région ardemment courtisée par les grandes puissances, sur fond d'affaiblissement de la Russie.

President of the European Council Charles Michel talks to an AFP reporter on the sidelines of the second EU-Central Asia summit in the village of Bosteri, some 260km from the capital Bishkek, on June 2, 2023. (Photo by VYACHESLAV OSELEDKO / AFP)
Charles Michel met en avant un "partenariat sincère" en Asie centrale ©AFP or licensors

"Nous pouvons offrir un partenariat sincère" aux cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale et l'UE peut "être un partenaire respectueux qui crée de la confiance", a assuré M. Michel à l'AFP en marge du deuxième sommet "Union européenne-Asie centrale" au Kirghizstan.

Les présidents du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et une délégation du Turkménistan, pays reclus, ont participé à ce sommet dans la ville kirghize de Cholpon-Ata, sur les rives montagneuses du lac Issyk-Koul.

M. Michel a mis en avant les possibilités de collaboration dans le domaine des "technologies climatiques, des questions énergétiques, de la sécurité, des transports et du tourisme".

Ce sommet, le deuxième du genre après le premier organisé en octobre au Kazakhstan, intervient seulement deux semaines après une rencontre inédite entre les présidents de ces cinq ex-républiques soviétiques centrasiatiques et la Chine de Xi Jinping, qui renforce son emprise sur cette région traditionnellement sous influence russe.

"Espace géo-économique unifié"

Plus tôt dans la journée, le président kirghiz Sadyr Japarov a appelé lors d'une session plénière à faire de l'Asie centrale un "espace géo-économique unifié afin de faciliter différentes formes de coopération", malgré des dissensions encore existantes entre les pays.

Un constat partagé par son homologue ouzbek Chavkat Mirzioïev, qui s'est aussi félicité des progrès réalisés dans le développement des voies de transport, tandis que le dirigeant tadjik Emomali Rakhmon a souligné la nécessité pour le Tadjikistan de bénéficier d'un système commercial préférentiel avec l'UE.

Le dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, dont le pays est le principal partenaire économique de l'UE dans la région, a assuré vouloir augmenter les livraisons de pétrole en Europe par la mer Caspienne via un oléoduc contournant la Russie.

Le troisième sommet UE-Asie centrale devrait se tenir l'an prochain en Ouzbékistan.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a donné une nouvelle impulsion aux relations entre l'Asie centrale et l'UE, tout en permettant aux dirigeants centrasiatiques de diversifier leurs partenariats, faisant de même avec la Turquie ou l'Iran.

Déjà première donatrice de la région, avec 1,1 milliard d'euros d'aide entre 2014 et 2020, l'UE est également le principal partenaire d'investissement en Asie centrale, avec 42% du stock total, loin devant les Etats-Unis (14,2%), la Russie (6%) et la Chine (3,7%).

Nouvelle impulsion

Mais ces dernières semaines, l'UE a cependant fait planer la menace de restrictions sur des pays tiers accusés d'aider la Russie à contourner les sanctions, dont les républiques centrasiatiques, un thème également évoqué vendredi.

Bruxelles essaie d'atténuer les effets des mesures prises contre la Russie qui pourraient toucher par ricochet les républiques d'Asie centrale, pour ne pas les pousser encore plus dans les bras de Moscou.

Car malgré la volonté affichée des États de la région de mener une politique étrangère multivectorielle, ces pays restent étroitement liés à la Russie, puissance régionale historique, via des alliances militaires, économiques et des liens culturels encore forts.

Un rôle que lui conteste désormais la Chine, qui octroie notamment d'importants prêts pour financer ses "Nouvelles routes de la soie", gigantesque projet d'infrastructures.

Les régimes d'Asie centrale restent à divers degrés considérés comme autoritaires, les ONG critiquant régulièrement la situation des droits humains.

Et la situation sécuritaire reste instable, avec l'année dernière des combats meurtriers entre le Kirghizstan et le Tadjikistan, des révoltes réprimées dans le sang au Kazakhstan et en Ouzbékistan.

La prise de pouvoir des talibans en Afghanistan voisin reste aussi une source d'inquiétude pour les pays d'Asie centrale, qui les ont appelés vendredi à respecter leurs engagements internationaux.

Charles Michel : "Nous ne serons jamais ingrats envers les Etats-Unis"
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...