La réforme des retraites, le combat particulièrement sensible d'Emmanuel Macron
Publié le 01-09-2019 à 13h27
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C’est sans doute la “mère de toutes les réformes” pour Emmanuel Macron. Alors que le Président était pris par les résultats du G7 sur la côte basque, les avancées concernant la réforme des retraites se poursuivaient à Paris. À la manœuvre : Jean-Paul Delevoye. Ce chiraquien, nommé par Emmanuel Macron pour réformer le système des retraites à la française, pourrait intégrer le gouvernement pour mener ce travail. Le président de la République juge que cette réforme est susceptible de faire véritablement bouger le modèle social hexagonal.
Remettre en cause l’âge de départ ?
Le système promu par Emmanuel Macron est “universel”, “par points”, rompant avec la multitude de systèmes existant dans le cadre hexagonal.
Au cœur des résistances à la réforme promue par le président français : la multitude de “régimes spéciaux” particulièrement favorables, qui permettent à nombre de salariés de partir en retraite.
Mais la réforme a bien pour objectif de remettre à plat l’ensemble du système. Si Emmanuel Macron a promis de ne pas remettre en cause l’âge de départ en retraite – actuellement 62 ans – la réforme prévue par l’Élysée, qui implique de travailler davantage pour obtenir les points nécessaires – pourrait bien impliquer un report de l’âge de départ en retraite.
Emmanuel Macron a cependant conscience du caractère extrêmement sensible de la réforme qu’il a impulsée. Lors de son interview sur France 2, mardi dernier, le président français a dit préférer “à titre personnel” une durée de cotisation rallongée à l’instauration d’un âge pivot – en l’occurrence 64 ans – tel que prévu par la réforme préconisée par Jean-Paul Delevoye.
La CFDT au centre du jeu
Pour Emmanuel Macron, cette réforme est particulièrement sensible. Il s’agit notamment de ne pas brusquer la génération des “baby boomers” prête à partir en retraite en bénéficiant de taux pleins, après avoir profité de la croissance des “Trente Glorieuses”.
Mais aussi de convaincre les générations suivantes de la nécessité de faire des efforts pour préserver le système français. Le nouveau système, dit “à points”, ouvrirait les mêmes droits pour l’ensemble des salariés. Un mode de fonctionnement qui n’a évidemment pas été sans susciter un certain nombre de résistances.
Le syndicat réformiste CFDT, habituellement plutôt prêt à la discussion avec les gouvernements successifs, est particulièrement remonté contre une réforme qui pourrait s’avérer particulièrement défavorable aux cadres.
Emmanuel Macron, conscient des blocages que la réforme est susceptible de susciter, s’est cependant pris à ouvrir la discussion : l’âge de départ en retraite pourrait n’être qu’un élément secondaire de la réforme, le point central résidant dans le nombre d’années de cotisations.
Une rentrée sociale agitée
Macron parviendra-t-il à convaincre ses concitoyens que cette réforme des retraites est bel et bien dans l’intérêt collectif ? C’est tout l’enjeu d’une rentrée sociale qui s’annonce particulièrement agitée.
Déjà, les syndicats ont prévu fin septembre un certain nombre de manifestations contre cette réforme.
L’exécutif parviendra-t-il à adoucir la position de la CFDT ? Si le syndicat réformiste a souvent accompagné les réformes, il s’est parfois montré rétif, lorsque les gouvernements successifs ne l’avaient pas suffisamment associé aux réformes en cours. Or, sûr de son fait, le gouvernement Macron n’a guère promu la concertation dans le cadre de ce dossier. Sa volonté tardive de se montrer plus à l’écoute des revendications des salariés ne saurait endiguer le flot des mécontentements, sur un sujet traditionnellement source de blocages au sein de la société française.
Poser en “père de la Nation”
Emmanuel Macron se veut davantage “à l’écoute” dans le cadre de l’acte II de son quinquennat. Une seconde partie de mandat où le chef de l’État souhaite davantage poser en père de la Nation – garant de ses grands équilibres – qu’en réformateur échevelé, comme il avait pu apparaître depuis son élection, en 2017.
La rentrée de septembre sera l’occasion de tester l’acceptabilité sociale de cette réforme lancée par le gouvernement. Les partenaires sociaux seront reçus les 5 et 6 septembre à Matignon pour évoquer le dossier.