Dans le Nord russe, un mouvement de protestation inédit

À 1 200 km de Moscou, des Russes vivent depuis un an dans un camp de fortune. Ils veulent empêcher la construction d’une décharge en pleine taïga.

Reportage Paul Gogo - Envoyé spécial à Shies
Dans le Nord russe, un mouvement de protestation inédit
©D.R.

À 1 200 km de Moscou, des Russes vivent depuis un an dans un camp de fortune. Ils veulent empêcher la construction d’une décharge en pleine taïga.

Ici, on trouve du pétrole, du gaz, de l’or, du bois, on fait la richesse de Moscou et, eux, ils nous renvoient leurs déchets !" Anton, 33 ans, s’emporte, perché sur un tas de cailloux avec vue sur le chantier contesté de Shies, village abandonné situé à 1200 km au nord de Moscou. En novembre 2018, des chasseurs ont par hasard découvert l’existence de ce projet de décharge réalisé par le gouverneur de la région d’Arkhangelsk, financé par la mairie de Moscou. La population locale s’est mobilisée instantanément. D’après l’institut de sondage Levada, 95 % des Russes de la région s’opposent au projet. Depuis deux ans, la mairie de Moscou fait face à une difficulté sans précédent. La quasi-totalité des décharges de ses banlieues sont pleines à craquer et la grogne ne fait que monter. Elle a franchi un nouveau palier le 21 mars 2018, lorsque quarante et un enfants ont été hospitalisés, intoxiqués par des gaz issus de la décharge de Volokolamsk (à 130 km de Moscou). Le président russe s’est alors emparé du sujet, en direct à la télévision. Une "solution" a été trouvée : envoyer les déchets le plus loin possible de la capitale. L’idée de construire une décharge à la frontière de la République des Komis, aux confins de la région d’Arkhangelsk, est née en coulisse. Si le projet se réalise, les Moscovites enverront plus de 500 000 tonnes de déchets par an en pleine taïga, soit quatre trains par jour.

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