Brexit : quel avenir pour l'anglais, qui ne sera plus que la 17e langue maternelle dans l'UE ?
N’est-ce pas étrange ? En anglais, on dirait peut-être “weird”. Le Royaume-Uni quitte le navire européen, le nombre d’anglophones de naissance – déjà peu élevé au sein des institutions – chute consécutivement, mais l’anglais demeure la langue de travail et de communication la plus utilisée au sein de l’Union.
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- Publié le 28-01-2020 à 16h01
- Mis à jour le 29-01-2020 à 09h53
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N’est-ce pas étrange ? En anglais, on dirait peut-être “weird”. Le Royaume-Uni quitte le navire européen, le nombre d’anglophones de naissance – déjà peu élevé au sein des institutions – chute consécutivement, mais l’anglais demeure la langue de travail et de communication la plus utilisée au sein de l’Union.
“Le Brexit n’aura aucune incidence sur le régime juridique (l’anglais restera une langue officielle de l’UE) ni sur la pratique institutionnelle établie de la Commission”, indique l’une des attachées de presse de l’Exécutif européen, Claire Joawn. La langue anglaise est entrée dans les Communautés (comme on disait à l’époque) en 1973 avec le Royaume-Uni et l’Irlande – et s’est (très légèrement) renforcée en 2004 avec l’arrivée de Malte. On aurait pu imaginer que, le gaélique et le maltais faisant partie des vingt-quatre langues officielles de l’Union, l’anglais passe aujourd’hui à la trappe. Mais non, et pour cause: il reste aussi une de leurs langues officielles.
Avec le Brexit, l’anglais – troisième langue maternelle la plus parlée de l’Union – dégringolera au 17e rang, très loin de l'allemand et du français. Une place qui ne se reflète ni dans son usage réel ni dans son influence au sein des institutions européennes. L’anglais y a creusé son sillon dans la foulée des élargissements aux pays d’Europe nordique, puis centrale et orientale, évinçant progressivement le français et l’allemand, les deux autres langues de travail de la Commission. De plus en plus de propositions législatives et de rapports s’élaborent en anglais, de nombreuses pages de sites officiels de l’Union ne sont lisibles qu’en anglais, la communication passe par l’anglais. L’anglais est aussi (et restera) la principale langue relais utilisée par les interprètes quand ils doivent traduire – au hasard – du finnois au tchèque.
Près de 40 % des Européens maniant une autre langue que la leur parlent anglais, selon un sondage Eurobaromètre. Suivent le français (12 %), l’allemand (11 %) et l’espagnol (7 %). Aussi, bien que le multilinguisme soit consacré par les traités, la réalité anglophone est très ancrée, voire encouragée. En réaction, des fonctionnaires européens ont fait circuler une pétition pour attirer l’attention d’Ursula von der Leyen sur ce “monolinguisme anglais” qui les “bride dans (leurs) moyens d’expression” et lui demander, notamment, de pouvoir travailler en français (ou d’autres langues) “sans (se) cacher et sans (s’)excuser”. D’autant que l’anglais qui s’impose aujourd’hui se révèle malmené, appauvri, dégradé dans sa qualité, nivelé par le bas. S’il reste la langue véhiculaire privilégiée, c’est dans sa version planétaire de Global English, très éloignée des œuvres classiques. Au grand dam des traducteurs et interprètes qui, parfois, s’arrachent les cheveux dans leur travail.