Coronavirus : les Vingt-sept se donnent dix jours pour établir un plan de soutien et de relance de l’économie
Le président du Conseil européen avait péché par optimisme en annonçant que la conférence de presse (à distance) de la réunion en visioconférence des leaders européens se tiendrait vers 18 h, après deux heures de discussion. Le sommet européen virtuel s’est prolongé jusqu’à 22 heures, en raison des difficultés rencontrées par les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-sept à trouver une position commune sur des mesures communes à prendre pour enrayer la chute de l’économie provoquée par l’épidémie de Covid-19 et déjà préparer la relance.
- Publié le 27-03-2020 à 06h26
- Mis à jour le 27-03-2020 à 10h14
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Le président du Conseil européen avait péché par optimisme en annonçant que la conférence de presse (à distance) de la réunion en visioconférence des leaders européens se tiendrait vers 18 h, après deux heures de discussion.
Le sommet européen virtuel s’est prolongé jusqu’à 22 heures, en raison des difficultés rencontrées par les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-sept à trouver une position commune sur des mesures communes à prendre pour enrayer la chute de l’économie provoquée par l’épidémie de Covid-19 et déjà préparer la relance.
La balle revient dans le camp des ministres des Finances
Le président du Conseil italien Giuseppe Conte, a longtemps refusé de souscrire au projet de conclusions préparé avant le sommet, le trouvant trop timide au regard de la brutale dégradation de la situation économique. Il a reçu l’appui du Premier ministre espagnol Pablo Sanchez. Les deux pays les plus cruellement frappés par l’épidémie sont las des atermoiements et des réticences de certains Etats membres.
Pour éviter que la réunion ne se clôture sur un échec, sur qui aurait eu, en termes d’image, un effet dévastateur, les leaders européens se sont mis d’accord pour repasser la patate chaude aux ministres des Finances de la zone euro. L'urgence attendra. “Nous allons demander à l’Eurogroupe de poursuivre un travail intense” et de présenter d’ici deux semaines des propositions au Conseil européen, a indiqué Charles Michel. Ce sera tout sauf une sinécure. Les grands argentiers européens n’étaient pas parvenus, mercredi dernier, à conclure un accord formel sur les instruments de solidarité économique à mettre en œuvre.
Deux camps, divisés sur ce qu’il faut faire, quand et comment
Sur ce qu’il faut faire quand, et comment, deux “camps” se font face, grosso modo les mêmes durant la crise de la zone euro. Dans le premier, on trouve l’Italie, l’Espagne, les deux pays les plus cruellement touchés par l’épidémie, mais aussi la France, la Belgique, le Luxembourg, la Grèce, le Portugal, la Slovénie et l’Irlande.
À l’initiative de Rome, les Neuf ont écrit mercredi au président Michel, plaidant que des mesures sans précédents doivent être déployées pour répondre à cette crise sans précédent. Ils s’y disent notamment favorables à la création d’un “instrument de dette commun émis par une institution européenne pour lever des fonds sur les marchés sur une même base et au bénéfice de tous les États membres”, afin que tous puissent bénéficier d’un financement stable pour faire face aux conséquences économiques de l’épidémie.
La proposition est imbuvable pour les durs de l’autre camp. “Je ne vois pas en quelles circonstances les Pays-Bas pourraient accepter des obligations européennes”, a cinglé le Premier ministre Rutte à l’issue de la visioconférence. L’Italien Conte se fait peu d’illusions sur le lancement prochain d’emprunts européens mais n’en réclame pas moins la création et le déploiement “d’instruments financiers innovants”.
L’autre piste, plus concrète, de solidarité européenne conduit au Mécanisme européen de stabilité. Le projet de l’autoriser à ouvrir des lignes de crédit préventives pour les pays demandeurs, est déjà plus avancé, mais pas encore abouti. Certains pays, dont les Pays-Bas, encore, estiment qu’il faut d’abord jauger l’impact qu’auront les mesures de soutien de l’économie prises ces derniers jours par la Commission et la Banque centrale européenne avant d’envisager d’user d’autres instruments.
Bref, la réunion du Conseil européen n’a pas permis au débat d’avancer d’un iota par rapport à là où il se trouvait deux jours plus tôt.
Charles Michel et Ursula von der Leyen doivent réfléchir à la sortie de crise
Les ministres des Finances ne seront pas les seuls à plancher, dans les prochains jours. Les leaders européens ont confié à Charles Michel et à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de travailler, en collaboration avec les autres institutions dont la Banque centrale européenne, d’élaborer un plan de relance et une stratégie de sortie de crise “pour préparer les coordinations nécessaires” et “mobiliser tous les moyens possibles à court, moyen et long terme” pour garantir le rétablissement et la stabilité de la situation socio-économique de l’UE, a souligné le Belge.
La stratégie de sortie devra “être basée sur des protocoles scientifiques, et proposer quand, et comment nous pourrons par exemple en finir avec les mesures de ‘distance sociale”, a complété Urusla von der Leyen.