Vingt-cinq mille Français se sont inscrits pour tester le vaccin: "On ne peut pas se planquer"
Vous voulez participer à une aventure historique unique avec les soignants et les scientifiques, au service de la collectivité ? Alors devenez volontaire !" Le 1er octobre, l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a lancé un appel sur le site internet créé pour l’occasion (www.coviveirac.fr).
Publié le 17-10-2020 à 07h05 - Mis à jour le 18-10-2020 à 15h21
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Un total de 25 000 volontaires, âgés de 18 ans et plus, était recherché pour participer au développement de vaccins sûrs et efficaces contre le Covid-19, soit un appel d’une ampleur sans précédent dans le pays.
"On ne peut pas se planquer"
Le message a été bien reçu puisqu’en l’espace de treize jours seulement 25 000 personnes s’étaient portées volontaires ! " Les Français se sont très fortement mobilisés et nous les remercions. Nous allons toutefois continuer à mobiliser les volontaires qui le souhaitent afin d’être en mesure de recruter dans les essais à venir les personnes cibles ", confie Odile Launay, coordinatrice de Covireivac, professeure en maladies infectieuses et tropicales à l’Université de Paris, coordinatrice du CIC Cochin-Pasteur à l’hôpital Cochin, AP-HP.
Parmi les cobayes de la première heure figure un député socialiste de l’Ardèche. Hervé Saulignac, 50 ans, s’est inscrit dès le jour de l’ouverture de la plateforme, en remplissant tout simplement un premier questionnaire de santé. Au-delà d’un possible coup de communication, il justifie sur Twitter sa décision ainsi : " On ne peut pas tous souhaiter ardemment un vaccin mais en même temps aller se planquer et laisser la recherche sans volontaires." Si l’élu reconnaît "une part de risque" dans sa démarche, il estime que "le chant du doute et de la peur ne doit pas couvrir celui de l’espoir".
Un vaccin… ou un placebo
Comme lui, toute personne sans contre-indication à la vaccination peut se porter candidate. L’Institut précise que les personnes de 65 ans ou plus, d’ordinaire absentes des essais vaccinaux, et celles présentant des facteurs de risque (diabète, obésité, hypertension, etc) sont bienvenues. " Elles peuvent avoir un système immunitaire affaibli, alors même qu’elles devront être parmi les premières personnes vaccinées. Les vaccins à l’étude devront donc démontrer leur efficacité dans ces circonstances ."
Précision importante : les volontaires ne sont pas rémunérés car, en aucun cas, la participation à des essais cliniques n’a vocation à devenir un "mode de rémunération". Ils peuvent simplement être indemnisés pour leur participation, s’ils ont eu des frais de transport par exemple.
Les 25 000 candidats ne testeront pas tous le même produit. Le protocole est conçu pour mener jusqu’à cinq essais de phase 2 (choix de la dose et du calendrier des injections sur 50 à 500 personnes) et trois essais de phase 3, qui réclament plusieurs milliers de personnes pour évaluer si le vaccin est sûr et protège du Covid-19. Les études seront réalisées en double aveugle, c’est-à-dire que certains recevront un vaccin, d’autres un placebo (vaccin sans principe actif), sans que l’intéressé et son médecin en soient informés jusqu’à la fin de l’essai.
Quid des risques évoqués par le député testeur ? Ils existent, bien sûr. Rougeur ou douleur au site d’injection, fièvre, maux de tête : les effets indésirables classiques consécutifs à une vaccination sont généralement sans gravité. D’autres effets, plus inattendus, peuvent néanmoins survenir. Dans tous les cas, un suivi personnalisé sera mis en place pendant les essais et un dispositif spécifique de surveillance sera instauré à la fin des tests, en lien avec les médecins généralistes et l’Agence nationale de sécurité du médicament. Ces essais cliniques, réalisés en cabinet médical ou à l’hôpital, pourraient démarrer d’ici la fin de l’année.
Reste que, d’après un sondage réalisé fin mars, 26 % des Français refuseraient ce vaccin. Entre les volontaires et les réfractaires… il y a un monde !