Etat de droit: la Tchéquie et la Slovaquie ne s’associent pas au chantage de la Hongrie et de la Pologne
Les Tchèques et les Slovaques pas prêts à suivre les Hongrois et les Polonais.
Publié le 06-11-2020 à 08h14 - Mis à jour le 10-12-2020 à 12h58
:focal(1961x1319:1971x1309)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7CLAHNXU2ZH4HMGRAVIFVYRPEU.jpg)
Le dirigeant souverainiste hongrois, Viktor Orbán, a contre-attaqué le week-end dernier, après l’annonce d’un accord provisoire, conclu il y a une semaine entre le Parlement européen et la présidence allemande du Conseil de l’Union, sur la création d’un mécanisme liant l’accès aux fonds européens pour les États membres au respect de l’État de droit.
Cette contre-attaque est un chantage : le Premier ministre hongrois menace de faire usage de son droit de véto pour bloquer l’adoption du budget européen 2021-2027 et du plan de relance de l’économie européenne, si le mécanisme sur l’État de droit est formellement adopté par le Parlement et par le Conseil (les États membres). C’est ce qu’il a sous-entendu dans une lettre adressée à la présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, et au président du Conseil européen, le Belge Charles Michel.
Viktor Orbán a réaffirmé sa position lors de son intervention radiophonique du vendredi matin : "Le débat sur l’État de droit n’est pas un débat juridique, mais un débat politique."
Dimanche, son compagnon politique de toujours, le président du Parlement László Kövér, a livré, à sa manière et sans détour, le sentiment dominant dans les rangs "orbanistes" : l’Union européenne mène "une sorte de terreur morale" contre "les États membres plus faibles ou les groupes politiques et idéologiques qui n’appartiennent à aucune coalition infecte de libéraux, de gauche ou de communistes néomarxistes".
Les Hongrois et leurs alliés polonais ont annoncé en juillet dernier leur intention de mettre sur pied un Institut de droit comparé, "dont le but est de fournir un soutien professionnel aux Parlements et gouvernements des pays du groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque)", comme l’a détaillé la ministre hongroise de la Justice, Judit Varga.
Puis, fin octobre, les deux pays ont jeté les bases d’un réseau de coopération entre professeurs d’université et doctorants en droit, censés porter "la voix de la région d’Europe centrale" et de "présenter une alternative nationale, conservatrice et chrétienne-démocrate crédible à la direction libérale et fédéraliste", sur des sujets tels que la protection juridique des familles, la liberté de conscience et de religion, l’application des droits fondamentaux en Europe, etc.
"Un abus"
En clair, il s’agit pour Budapest et Varsovie de se donner des munitions juridiques dans leur bras de fer avec l’UE, et de promouvoir leur vision nationale-conservatrice. Mais elles devront se passer du soutien des deux autres membres du groupe de Visegrád, car ni la République tchèque ni la Slovaquie n’ont adhéré à ces projets.
D’ailleurs, qu’ils aient été estampillés "V4", le signe du groupe, a profondément mis en colère la ministre slovaque de la Justice, Mária Kolíková, qui y a vu "un abus". Elle a fait entendre son désaccord avec son homologue hongroise : "Comme si [l’État de droit en Europe centrale] devait être différent de celui promu par l’UE. Il doit s’appliquer à tous quelle que soit la région d’origine", a-t-elle fustigé dans un communiqué cité par Euractiv.