Soutenue par la Slovénie, la Hongrie accuse l'Europe de "faire chanter les pays qui s'opposent à l'immigration"
Le bras de fer entre l'Union européenne et la Hongrie, opposée au mécanisme liant le versement de fonds au respect de l'Etat de droit, se poursuit.
- Publié le 18-11-2020 à 10h33
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La Hongrie, qui a posé lundi son veto au plan de relance européen, a jugé mercredi que s'il était adopté, il n'y aurait "plus d'obstacles à lier les États membres à des mécanismes communs de soutien à l'immigration".
L'Europe pourra "utiliser des moyens financiers pour faire chanter les pays qui s'opposent à l'immigration", a déclaré le Premier ministre Viktor Orban dans un communiqué publié sur Twitter.
"Aucune procédure visant à pénaliser les États membres ne devrait être fondée sans critères objectifs et sans possibilité de recours juridique", a-t-il écrit.
L'Union européenne s'est engagée dans un bras de fer avec Budapest et Varsovie, qui veulent l'abandon d'un nouveau mécanisme liant le versement des fonds au respect de l'Etat de droit.
Les deux pays prennent en otage le paquet budget et plan de relance, dont l'adoption nécessite l'unanimité des 27, afin de s'opposer à la mise en place de ce mécanisme inédit prévoyant de sanctionner les pays qui bafouent la démocratie.
Les fonds européens représentaient en 2019 environ 4,48% du produit national brut pour la Hongrie, l'un des taux les plus élevés parmi les pays membres.
Budapest devrait bénéficier de 16,7 milliards en subventions et crédits potentiels.
Le sujet devrait s'inviter jeudi à un sommet par visioconférence officiellement consacré à la crise du Covid-19.
Soutient de la Slovénie
"Seule une instance judiciaire indépendante peut dire ce qu'est l'Etat de droit, pas une majorité politique", a écrit Janez Jansa dans une lettre adressée le 17 novembre au président du Conseil européen Charles Michel, consultée mercredi par l'AFP.
La Slovénie ne s'était pas opposée lundi, lors d'une réunion des représentants des pays de l'Union européenne (UE), à l'adoption du budget et du plan de relance, bloqués par Budapest et Varsovie.
Mais cette prise de position de M.Jansa promet des discussions difficiles jeudi, au cours du sommet européen officiellement consacré à la lutte contre la pandémie de coronavirus.
Le Premier ministre slovène, un proche de son homologue hongrois Viktor Orban, dénonce "un deux poids deux mesures", dans ce courrier de quatre pages.
Il évoque l'expérience autoritaire vécue sous le communisme par de nombreux pays ayant rejoint l'UE après 2004, qui refuseraient aujourd'hui de céder des pans de leur souveraineté à la majorité qualifiée.
Les chefs d'État et de gouvernement européens s'étaient mis d'accord en juillet, au terme de quatre jours et quatre nuits d'un sommet marathon.
Ils avaient adopté un plan de relance pour faire face à la crise, provoquée par la maladie Covid-19, de 750 milliards d'euros adossé à un "cadre financier pluriannuel" (2021-2027) de plus de 1.000 milliards d'euros.
"Le dilemme devant nous est très simple. Respecter l'accord de juillet est une approche responsable pour l'avenir de l'UE. Ne pas le respecter ne le serait pas", a conclu le chef du gouvernement slovène.