Vaccination: en Allemagne, une question revient en boucle
En Allemagne, la lenteur de la campagne de vaccination est pointée du doigt.
- Publié le 06-01-2021 à 13h26
- Mis à jour le 06-01-2021 à 13h28
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L’Allemagne est-elle trop lente en matière de vaccination contre le coronavirus ? La question revient en boucle dans ce pays de 83 millions d’habitants où, en neuf jours, 317 000 personnes ont reçu la première dose du vaccin Pfizer/BioNtech. Si cela est nettement plus que les 700 vaccinés de Belgique, l’Allemagne voit monter la frustration en se comparant aux États-Unis et à Israël.
La faute aux régions ?
Berlin se demande ainsi pourquoi si peu de personnes ont été vaccinées alors que le pays dispose de 1,3 million de doses, utilisables théoriquement pour 650 000 personnes et qu’il en recevra 670 000 de plus ce 8 janvier. L’État fédéral, en charge de l’achat du vaccin et de sa répartition, rejette la responsabilité sur les régions, chargées de l’organisation. De fait, les débuts ont été parfois difficiles. Si la majorité des vaccinations a eu lieu dans des maisons de retraite, grâce au travail d’équipes mobiles, celles des personnes de plus de 80 ans, vivant chez elles, se font dans des centres spécialisés où des couacs ont été repérés. Un couple de Berlinois nous le confirme. Après avoir tenté toute une journée d’obtenir un rendez-vous par téléphone, Günther, 87 ans, a jeté l’éponge. "La ligne était constamment occupée. Nous avons abandonné", lâche-t-il, déçu.
De leur côté, les Bundesländer regrettent une mauvaise répartition, voire un manque de doses. Ainsi à Berlin, le seul des six centres de vaccination ouvert en grande pompe, le 27 décembre, a fermé ses portes deux jours plus tard. La faute, selon les responsables locaux, au manque de vaccins et à l’incapacité de programmer des rendez-vous. Ce vaccinodrome a toutefois rouvert lundi.
Pour de nombreux politiques et certains scientifiques, le gouvernement fédéral et la Commission européenne sont en cause. Une solution européenne centralisée a en effet été privilégiée pour l’achat commun des vaccins, afin d’assurer une répartition juste et simultanée entre les 27 pays de l’UE. Or, l’UE aurait misé sur les mauvais chevaux en commandant trop peu de doses à l’allemand BioNTech, et trop au français Sanofi qui ne pourra pas livrer avant la fin de l’année. "Il est difficile d’expliquer qu’un très bon vaccin soit en cours de développement en Allemagne mais qu’il soit plus rapidement utilisé ailleurs dans le monde", constate Markus Söder, le ministre-Président de Bavière. Même le Parti social-démocrate, partenaire de coalition d’Angela Merkel, reproche au ministre fédéral de la Santé, Jens Spahn, de ne pas avoir commandé davantage de vaccins à BioNTech, une entreprise qui bénéficie du soutien financier de l’État. Pour compléter les livraisons européennes, Berlin a passé commande, en septembre, de "seulement" 30 millions en doses supplémentaires à l’entreprise basée à Mayence.
Un vaccin pour tous pour l’été
Si le ministre Jens Spahn avait averti de possibles couacs au démarrage, le gouvernement rejette les accusations de mauvaise stratégie. "La voie européenne était et reste la bonne", a confirmé hier Steffen Seibert, porte-parole d’Angela Merkel. "Le problème n’est pas le manque de commandes mais le manque de capacités de production", ajoute Hanno Kautz, porte-parole du ministère de la Santé. Le laboratoire pharmaceutique BioNTech souhaite accélérer la mise en service d’une nouvelle usine de production, pour février, à Marbourg, dans la Hesse. Le ministre a aussi rappelé ses objectifs, à savoir proposer le vaccin d’ici l’été, à l’ensemble de la population.
En attendant, les Allemands sont appelés à rester chez eux. Hier, la chancelière et les présidents de région ont annoncé la prolongation et le renforcement du confinement jusqu’à la fin du mois.