Retard après retard, AstraZeneca plombe la vaccination dans l’Union européenne

AstraZeneca et ses baisses de livraison étaient au centre des discussions ce week-end dans l'Union européenne.

H.Le avec AFP
Retard après retard, AstraZeneca plombe la vaccination dans l’Union européenne
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La vaccination anti-Covid était une nouvelle fois au centre des préoccupations dans l’Union européenne tout au long de ce week-end, avec l’annonce d’une nouvelle baisse des livraisons du laboratoire AstraZeneca et l’appel à des discussions "le plus vite possible" (au plus tard les 25 et 26 mars lors du prochain sommet européen) lancé par cinq pays membres (Autriche, République tchèque, Slovénie, Bulgarie, Lettonie) inquiets de disparités dans la distribution des doses.

De son côté, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a indiqué dans les colonnes de l’édition dominicale du Der Tagesspiegel que l’Union européenne, "tant à Bruxelles qu’au sein des États membres", a commis des erreurs lors de la commande de vaccins contre le coronavirus. Dans la situation actuelle, il a estimé qu’il était nécessaire de s’assurer que "toute l’Europe reçoive des vaccins" avant de poursuivre en expliquant qu’il souhaite faire un bilan sur la pandémie pour "voir ce que nous avons bien fait ou non."

Le retard s’ajoute au retard

"AstraZeneca est au regret d’annoncer une baisse des livraisons de vaccins contre le Covid-19 à l’Union européenne", a expliqué le groupe suédo-britannique dont le vaccin a été autorisé fin janvier dans l’Union européenne (UE). Invoquant des "restrictions d’exportation" pour les vaccins fabriqués hors UE, il annonce ne pouvoir livrer que 100 millions de doses durant les six premiers mois achevés de l’année, dont 70 millions seulement sur les 180 millions initialement prévus au deuxième trimestre. En janvier, le groupe avait déjà réduit ses objectifs du premier trimestre, incriminant un problème de "rendement" dans son usine belge.

Une des conséquences concrètes de ces retards : en Allemagne, le Land de Thuringe - qui affichait samedi le taux d’incidence le plus élevé du pays, à 152,1 - doit suspendre temporairement un projet-pilote de vaccination avec ce produit par des médecins généralistes qui devait débuter avant fin mars, pour les personnes âgées vivant à domicile.

Le fossé se creuse pour l’Union européenne

Ces nouveaux retards ne vont pas améliorer les résultats vaccinaux de l’UE qui reste à la traîne des États-Unis, d’Israël et du Royaume-Uni. Malgré tout, la Commission européenne table toujours sur une "montée en puissance au deuxième trimestre" et vise 70 % d’Européens vaccinés d’ici la fin de l’été.

Aux États-Unis, pays le plus touché par la pandémie avec 534 275 décès, quasiment 20 % de la population a reçu au moins une dose de vaccin et plus de 100 millions de doses ont déjà été administrées, soit environ 30 % du nombre total de piqûres effectuées dans le monde.

AstraZeneca boycotté

À côté de ses soucis de production et de distribution, AstraZeneca doit aussi faire face aux suspensions de son vaccin décidées par le Danemark, l’Islande, la Norvège, la Bulgarie et, depuis ce dimanche, l’Irlande, qui invoquent le principe de "précaution" en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins.

En Italie, le Piémont (nord-est) a annoncé dimanche avoir repris les vaccinations AstraZeneca, en excluant par précaution un lot, après la mort d’un enseignant vacciné la veille. "Les administrations du vaccin AstraZeneca ont repris, après une suspension par précaution de quelques heures, visant à repérer et isoler le lot dont provenait la dose injectée à l’enseignant décédé", a expliqué en fin de journée ce dimanche la région Piémont sur son site internet. L’enseignant est décédé dimanche à Biella, commune située au nord de Turin. Selon l’agence de presse italienne, l’homme était âgé de 57 ans et enseignait la clarinette dans un conservatoire.

L’OMS a affirmé vendredi qu’il n’y avait "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin.

L’Afrique à la traîne

Sur le continent africain, la vaccination est à la traîne. L’Éthiopie, deuxième État le plus peuplé d’Afrique, a seulement débuté samedi sa campagne de vaccination avec l’administration de doses AstraZeneca produites en Inde, sur fond de progression "alarmante" de cas dans le pays. La République démocratique du Congo (numéro quatre par sa population en Afrique) a, elle, reporté le lancement des vaccinations, initialement prévu pour le 15 mars.

La pandémie a fait au moins 2,64 millions de morts dans le monde depuis l’apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’AFP. (H. Le. avec AFP)

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