"L’intimidation chinoise nous renforce dans nos convictions"
Samuel Cogolati, député Écolo, réagit aux sanctions prises par la Chine à son encontre et à celle de neuf autres Européens.
- Publié le 23-03-2021 à 09h58
- Mis à jour le 23-03-2021 à 11h07
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Le député belge Samuel Cogolati (Écolo) se trouve sur la liste des parlementaires nationaux et européens sanctionnés par la Chine, en représailles des sanctions européennes. Aux yeux de Pékin, le "crime" de M. Cogolati est d’avoir déposé à la Chambre, avec son collègue Groen Wouter De Vriendt, un texte appelant la Belgique à reconnaître que la Chine mène un génocide contre les Ouïghours et les autres minorités musulmanes de la région autonome du Xinjiang.
Vous attendiez-vous à être la cible des représailles chinoises ?
Pas du tout. Je m’attendais à ce que la Chine prenne des contre-mesures, mais je pensais plutôt que les représailles cibleraient des intérêts militaires et économies. Je n’imaginais pas une seconde qu’elles viseraient des parlementaires. Les parlements sont le cœur de la démocratie, aussi ce qui se passe aujourd’hui est très grave. Cela montre que cela pourra arriver à n’importe qui défend les droits humains.
C’est de l’intimidation pure et simple ?
Oui, mais c’est de l’intimidation qui ne fonctionne pas du tout. Au contraire, cela nous renforce dans notre combat et dans nos convictions. Il faut briser le silence complice qui existe en Europe et même en Belgique envers la Chine. Cela reste encore un gros tabou. Il faut rappeler qu’il y a cinq ans, on accueillait en grande pompe deux pandas chinois à Pairi Daiza en échange de la signature par la Belgique d’une convention d’extradition avec la Chine, aujourd’hui en vigueur. Il est plus que temps d’oser se lever et de dénoncer les exactions contre les droits humains commises en Chine contre des millions de Ouïghours, contre les Tibétains ou contre les étudiants à Hong Kong .
Êtes-vous satisfait des sanctions européennes contre des responsables des exactions commises au Xinjiang ? Les estimez-vous suffisantes ?
C’est une première avancée, qu’il faut saluer. Il était temps que l’Union européenne bouge et c’était important de sanctionner des personnes directement responsables des exactions commises au Xinjiang. Mais le combat est encore loin d’être terminé. Cela ne suffira pas pour que la Chine cesse d’arrêter des Ouïghours, de placer dans des camps de concentration, séparer les familles, qu’elle en finisse avec sa politique de stérilisation ou avec les viols systématiques de femmes ouïghoures. Il faut aller plus loin et reconnaître que ce qui se produit actuellement au Xinjiang est un génocide. Les mots ont leur importance. On ne peut pas continuer le business as usual avec un régime génocidaire.
Cela veut dire que le Parlement européen ne devrait pas approuver l’accord sur les investissements conclu entre l’Union et la Chine ?
On ne peut pas d’un côté condamner la Chine pour des violations très graves des droits humains, disposer d’informations selon lesquelles les camps de concentration au Xinjiang ne cessent de s’élargir et de l’autre côté signer avec la Chine un accord sur les investissements qui ne comprend aucune mesure contraignante contre le travail forcé.