Solidarité vaccinale : les promesses de l’Europe tardent à se concrétiser
Accélérer la vaccination partout dans le monde constitue le défi de la lutte contre la pandémie. Le retard des pays pauvres tranche avec le débat autour d’une troisième dose dans les pays développés. Les doses promises par l’Union européenne se font attendre.
Publié le 10-09-2021 à 06h37 - Mis à jour le 10-09-2021 à 13h15
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Fin mai dernier, l’Union européenne (plus exactement ses États membres), s’est engagée à partager 100 millions de doses de vaccins avec les pays à revenus faibles ou intermédiaires, d’ici la fin 2021. Qui dit mieux ? La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui annonçait le 22 juillet que ce sont non 100, mais 200 millions de doses que l’Union mettrait à disposition des États moins bien lotis. Selon les comptes de l’institution communautaire, la somme des engagements des Vingt-sept est aujourd’hui de 250 millions de doses. Derrière le feu d’artifice de promesses, la réalité est que la solidarité européenne a du retard à l’allumage. Jusqu’ici, 21 millions de doses seulement ont été distribuées. Celles-ci l’ont été pour partie (8,5 millions de doses) par la protection civile européenne, pour partie via le mécanisme international Covax (cofinancé par l’UE à hauteur de 2,47 milliards d’euros), et sur base bilatérale. Vingt et un millions de doses distribuées, c’est une goutte d’eau au regard des besoins.
"On n’est pas en avance"
"On n'est pas en avance, a reconnu mardi sur France Info le secrétaire d'État français aux Affaires européennes Clément Beaune, mais le don de doses va se faire massivement maintenant." La lenteur avec laquelle les États de l'Union passent des paroles aux actes s'explique, en partie, par les retards de livraisons de doses accusés au début de l'année, qui ont plombé le départ de la stratégie vaccinale "interne" de l'Union. Ces problèmes appartiennent au passé : 700 millions de doses ont été livrées dans l'UE et 70 % de la population adulte de l'Union sont entièrement vaccinés - même si des pays comme la Bulgarie ou la Roumanie accusent un retard important. De plus, la Commission a mis un terme à la procédure judiciaire ouverte contre le producteur AstraZeneca, après que celui-ci s'est engagé à livrer au premier semestre 2022 les 200 millions de doses initialement attendues cette année. Bref : les États membres n'ont plus de raisons de ne pas tenir les engagements pris envers Covax.
Quand bien même l'Union européenne pointe qu'elle est l'un des fers de lance de la solidarité vaccinale internationale, on s'inquiète, en son sein, que l'effort fourni ne soit pas suffisant. Pour des raisons sanitaires : le virus va continuer à circuler en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les pays où la couverture vaccinale est faible, et à muter. Mais aussi pour des raisons géopolitiques. "Qui est le premier fournisseur de vaccins pour l'Afrique ? La Chine. Et le plus grand fournisseur en Amérique latine ? La Chine", s'est ému fin juillet le Haut représentant pour la politique étrangère de l'Union Josep Borrell.OleB