Qui est Jean-Marc Sauvé, l'homme à la tête de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église ?
Jean-Marc Sauvé remettra ce mardi le rapport censé objectiver le nombre d’abus sexuels commis ces dernières décennies au sein de l’Église de France.
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Publié le 04-10-2021 à 14h42 - Mis à jour le 11-10-2021 à 17h50
Observateurs, journalistes et évêques s'accordent pour le dire : ce mardi 5 octobre marquera l'histoire de l'Église de France. Ce jour-là, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) remettra son rapport, fruit de longs mois de travail. Commandité par l'Église, ce rapport devrait objectiver le nombre d'abus sexuels commis en son sein. En mars, une estimation de la Ciase pointait déjà le chiffre d'au moins 10 000 personnes abusées - et il y aurait eu "entre 2 900 et 3 200 pédocriminels" au sein de l'Église catholique en France depuis 1950, selon des déclarations de Jean-Marc Sauvé à l'AFP, dimanche. C'est dire si le document - qui essayera de comprendre les raisons du silence, et proposera des pistes de prévention - provoquera une onde de choc.
À la tête de cette Commission, on retrouve donc Jean-Marc Sauvé, un personnage aux allures d'un Charles de Gaulle, et à la carrière de haut fonctionnaire bien remplie (il fut vice-président du Conseil d'État jusqu'en mai 2018). Né en 1948 dans la Somme, fils d'agriculteurs ("le plus beau métier du monde" confiera-t-il), énarque, Jean-Marc Sauvé prend le chemin des institutions, servant une majorité puis l'autre dans un souci constant d'impartialité - les voix sont unanimes à cet égard.
C'est en novembre 2018 que les évêques font appel à lui pour prendre la présidence de la Ciase. Ce catholique pratiquant accepte vite mais ne sort pas indemne de ses travaux et rencontres avec les victimes. Il demandera lui-même un accompagnement psychologique, comme il le confiait au journal Le Monde mi-septembre. "C'est une expérience singulière, très différente de celle que j'attendais quand j'ai accepté, très éprouvante. Je n'ai pas été spécialement ménagé par la vie professionnelle, mais rien n'équivaut à ce que mes collègues et moi avons découvert. Nous avons été confrontés à des vies abîmées, un empêchement de vivre, y compris chez des personnes qui ont en apparence surmonté cette épreuve." "Ce que je vis représente un ébranlement profond, avouait-il un an plus tôt auprès du même journal. Ce que je découvre abîme l'image que j'ai de l'Église mais, en réalité, ne porte sans doute pas atteinte à ma foi." "Ce qui est terrible, c'est que nous sommes confrontés à une œuvre de mort qui a été perpétrée sinon au nom de Dieu, du moins avec son alibi. Pour les chrétiens, c'est extrêmement douloureux et taraudant."