La Russie suspend sa mission auprès de l’Otan: "Les conditions de base pour un travail en commun ne sont plus là"
Les relations avec Moscou sont au plus bas depuis des décennies. Sur fond d’espionnage et de désinformation.
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Publié le 18-10-2021 à 22h04 - Mis à jour le 18-10-2021 à 22h05
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C'était dans l'air, c'est fait : la Russie a annoncé lundi suspendre indéfiniment à partir du 1er novembre sa mission permanente auprès de l'Otan à Bruxelles, en rétorsion du retrait d'accréditation de huit de ses représentants le 7 octobre par l'Alliance atlantique. "Les conditions de base pour un travail en commun ne sont plus là", a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une déclaration à l'agence Tass.
Moscou va aussi retirer, à compter du 1er novembre, l’accréditation du staff de l’Otan basé à Moscou dans les locaux de l’ambassade de Belgique. Celle-ci abrite depuis 2000, le bureau d’information de l’Otan et, depuis 2002, le bureau de liaison militaire des alliés, qui a pour but de garder ouverts les canaux de discussion entre les deux puissances militaires.
Début octobre, l'Otan avait retiré l'accréditation de huit membres de la mission russe, les présentant comme "des agents de renseignement russes non déclarés" mais sans préciser leur rôle dans un dossier d'espionnage. "La décision n'est pas liée à un événement particulier", avait indiqué le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. Ce dernier évoquait des "activités malveillantes" que les agences de renseignement traduisent en cas de cyberattaques, de désinformation et d'espionnage classique.
Dans une déclaration sur son site internet, la mission russe s'était plainte de l'attitude "hypocrite" de l'Otan, qui d'une part "appelle à la coopération" et qui de l'autre coupait de moitié son staff à Bruxelles. "Bientôt, il n'y aura plus personne à Bruxelles pour maintenir une conversation à un niveau adéquat avec le secrétariat international de l'Otan ou des pays membres", prédisait le communiqué.
Cette succession d’incidents en dit long sur la "guerre froide" à laquelle se livrent désormais la Russie et l’Otan, alors que les deux puissances s’étaient rapprochées dans le sillage de la chute du mur de Berlin, contre le terrorisme, en Afghanistan et, plus difficilement, dans l’ex-Yougoslavie.
L’annexion de la Crimée en 2014, le soutien aux séparatistes russophones ukrainiens, l’implication de deux agents présumés du GRU dans l’empoisonnement sur le territoire britannique de l’ex-agent russe Sergueï Skripal et de sa fille et dans l’explosion d’un dépôt d’armes en République tchèque ont largement compromis la relation, tandis que la Russie contestait de son côté la politique d’expansion de l’Otan à ses frontières. En 2018, l’Alliance avait déjà limité l’accréditation du personnel de la mission russe. Parallèlement, Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères, avait fait expulser un agent secret travaillant sous couverture à l’ambassade de Russie en Belgique.