Le Pape appelle à lutter contre "l’hiver démographique"
François a fait de l’humilité et de l’espérance le fil rouge de son week-end de Noël.
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Publié le 26-12-2021 à 19h43 - Mis à jour le 26-12-2021 à 19h46
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"Frères et sœurs, alors que nous nous tenons devant la crèche, regardons-en le centre […] et contemplons l'Enfant. […] Celui qui embrasse l'univers a besoin d'être tenu dans les bras. Lui, qui a fait le soleil, a besoin d'être réchauffé. La tendresse en personne a besoin d'être choyée. L'amour infini a un cœur minuscule, aux faibles battements." Tels sont les paradoxes, le grand "renversement" que le pape François a souligné au cœur de son homélie de Noël, vendredi soir en la basilique Saint-Pierre de Rome. C'est cette image également qu'il a souhaité que creusent les chrétiens. Car "savons-nous accueillir ce chemin de Dieu ?", les a-t-il interpellés. "Voilà ce que nous pouvons demander à Jésus pour Noël : la grâce de la petitesse. [Cela] signifie croire que Dieu veut venir dans les petites choses de nos vies, qu'il veut habiter les réalités quotidiennes […] Mais il y a plus. Jésus veut aussi venir dans notre petitesse : dans ce qui fait nous sentir faibles, fragiles, inadéquats, peut-être même ratés. Ma sœur et mon frère, si, comme à Bethléem, les ténèbres de la nuit t'entourent, si tu sens une froide indifférence autour de toi, Dieu te répond et il te dit : 'Je t'aime comme tu es. Ta petitesse ne m'effraie pas, tes fragilités ne m'inquiètent pas. Je me suis fait petit pour toi. N'aie pas peur de moi, mais retrouve en moi ta grandeur.'"
La tragédie de l’hiver démographique
Convertir son regard pour s’émerveiller de ce que le quotidien révèle de beau, et servir les plus pauvres dans l’humilité, telle fut la ligne de conduite que le pape François a tracé tout ce week-end de Noël pour garder de l’espérance après deux ans de pandémie.
Le jeudi 23 décembre, lors de ses vœux annuels aux membres de la Curie - son administration -, François avait proposé une longue méditation sur l'humilité. C'est cette même humilité, socle du dialogue, que le pape a évoquée lors de son message Urbi et Orbi (à la ville de Rome et au monde) du 25 décembre. "Au niveau international, a insisté François, il y a le risque de ne pas vouloir dialoguer, le risque que la crise complexe incite à choisir des raccourcis plutôt que les chemins plus longs du dialogue." Évoquant alors les multiples conflits, le pape s'est inquiété de voir "les métastases d'un conflit gangrené [se propager] en Ukraine".
Enfin, ce 26 décembre, s'adressant plus particulièrement aux familles, le pape les a mises en garde contre la "dictature du moi" qui peut miner l'unité, mais qui peut être déjouée par "de petites attentions" et "des gestes simples". Revenant sur la nécessité de garder de l'espérance et de l'aspiration pour l'avenir, le pape s'est attardé sur ce qui est pour lui une "tragédie" : "l'hiver démographique" qui touche l'Italie. Le pays n'a connu cette année que 400 000 naissances, chiffre le plus bas depuis la Seconde guerre mondiale.
La solidarité, fondement de la liberté
À Malines, le cardinal De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, était au diapason du Pape lors de la messe de Noël. "Seule la solidarité peut apporter le salut. Seule la solidarité garantit la vraie liberté, a-t-il insisté. La naissance du Christ est tout entière un signe de solidarité et de vulnérabilité. Un nouveau-né dans une crèche : rien de spectaculaire, au contraire. Il n'est pas seulement devenu l'un des nôtres mais il a choisi la dernière place, solidaire avec tous ceux qui en ce monde ne comptent pour rien. […] C'est tout le contraire de l'indifférence et du repli sur soi qui menacent tant notre société."