La Hongrie aura une femme, fidèle d’Orban, pour Présidente
Katalin Novak est la candidate adoubée par le Premier ministre pour la présidence de la République.
- Publié le 03-01-2022 à 14h43
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Katalin Novak va inscrire son nom à la présidence de la Troisième République de Hongrie, à la suite du résistant antifasciste et antibolchévique Arpad Göncz, des juristes Ferenc Madl et Laszlo Solyom, du double champion olympique d’escrime Pal Schmitt et du juriste et cofondateur du Fidesz Janos Ader. Autant de noms inconnus hors de Hongrie, où le Président joue essentiellement un rôle d’arbitre et de représentation. Ainsi en a décidé le Premier ministre Viktor Orban, qui a annoncé la nouvelle quelques jours avant Noël au détour d’une question d’un journaliste. Il ne reste plus qu’à l’Assemblée nationale d’approuver ce choix, ce qui ne devrait pas poser de difficulté à la majorité Fidesz-KDNP qui gouverne depuis 2010.
Cette facilité avec laquelle l'affaire est menée ulcère ses opposants. "Dans la Hongrie d'aujourd'hui, il s'avère que c'est Viktor Orban qui annonce qui sera le plus haut dignitaire public du pays, le président de notre État. Et les gens n'ont qu'à s'asseoir, regarder et écouter l'annonce", a déploré Anna Donath, la présidente du parti de gauche Momentum, qui juge que la Hongrie devrait se doter d'une élection présidentielle directe.
Âgée de 44 ans, Katalin Novak, native de Szeged, diplômée d'économie et de droit à l'Université de Paris-Nanterre, sera la plus jeune personne à occuper ce poste, après une carrière fulgurante qui l'a propulsée à la tête du ministère de la Famille, où elle a mis en place une politique familiale aussi ambitieuse que conservatrice. Elle sera surtout la première femme investie de ces fonctions et l'intéressée n'élude pas cet aspect des choses, estimant que "cela représente une responsabilité particulière". Elle a affirmé qu'en tant que Présidente elle porterait une attention particulière aux Hongrois de l'étranger, aux familles qui ont la charge d'un enfant malade, aux familles monoparentales et aux communautés roms.
"Un disciple inconditionnel"
La première femme certes, reconnaissent ses adversaires politiques, mais surtout une fidèle parmi les fidèles d'Orban, sa "marionnette", jugent-ils. Katalin Novak gardienne de l'unité de la nation et de la démocratie par-delà les clivages partisans ? Impossible, répond en chœur l'opposition, dont plusieurs partis sont dirigés par des femmes. Leur tête de file, le conservateur Peter Marki-Zay, estime qu'elle sera encore plus inapte à s'opposer au Premier ministre que son prédécesseur, le très discret Janos Ader, qui lors de ses deux mandats n'a jamais fait défaut au gouvernement, validant toutes les lois, même les plus controversées, comme la loi sur les heures supplémentaires (la loi "esclavagiste") et celle pour la protection de l'enfance ("anti-gay").
La Présidente pourrait être un caillou dans la chaussure de l'opposition en cas de victoire aux législatives d'avril. "Je ne contribuerai jamais au démantèlement de l'état de droit", a-t-elle répondu à la question de savoir si elle validerait des lois visant à faire sauter le verrou législatif posé par le Fidesz.
"Je resterai qui je suis", a réagi l'élue à l'annonce d'Orban, et c'est bien cela le problème, ironise le journaliste Gergely Marton dans l'hebdomadaire libéral HVG : "Novak restera une disciple inconditionnelle et disciplinée d'Orban au Palais Sandor", la résidence présidentielle. Il rappelle qu'elle était vice-présidente du parti il y a quelques semaines encore et que, lors de son congrès au mois de novembre, elle arborait une paire de boucles d'oreilles OV'22 pour "Orban Viktor 2022".
Novak a rétorqué à ses détracteurs sur le site In dex : "Ceux qui disent que je vais juste être une marionnette à ce poste dévalorisent les femmes en général." Pas de quoi convaincre l'association LGBTQ Budapest, qui souligne que celle qu'elle nomme "la ministre de l'homophobie" a constitué un vaste réseau international d'extrême droite "anti-femmes et anti-LGBTQ". Ses liens avec des organisations "pro-familles" en Europe et aux États-Unis, hostiles au droit à l'avortement et aux homosexuels, n'ont pas empêché cette excellente francophone d'être décorée de la Légion d'honneur en France, où elle entretient de solides relations avec le parti Les Républicains.