"Un despote éclairé": qui est Jean-Louis Périès, le président de la cour d’assises spéciale pour les attentats de Paris?
Depuis le 8 septembre, ce magistrat en fin de carrière mène le procès de main de maître.
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Publié le 14-01-2022 à 11h02 - Mis à jour le 14-01-2022 à 11h03
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Près de cinq mois après le début de ce procès "hors normes" des attentats de Paris, un homme survole l'assemblée : c'est le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès, 65 ans.
C’est son dernier procès, après 40 ans de métier, et on sent bien qu’il veut sortir la tête haute, comme un capitaine qui tient le gouvernail jusqu’à la fin du voyage, attentif, vif au moindre dérapage, autoritaire de bon aloi.
"Un despote éclairé", dit de lui une avocate de la défense.
Car rien n'est simple avec des accusés qui n'ont plus rien à perdre. Jeudi, Oussama Krayem devait être interrogé. Il a invoqué le droit au silence. À défaut, le président Périès a donc lu des extraits de ses dépositions, en précisant à un accusé muet comme une carpe : "On aurait voulu savoir", "J'avais envie de vous poser des questions", "M ais bon, on n'aura pas de réponse".
Dès le début du procès, il a eu affaire à un Salah Abdeslam nerveux, décidé à imposer son tempo. Mais quand le Molenbeekois annonce qu'il est "un combattant de l'État islamique", le président réplique, le nez sur son bureau : "J'avais noté intérimaire sur ma fiche…"
Jean-Louis Périès mène le procès avec une douce autorité et une grande empathie pour les victimes. Quand une vidéo ou une image extraites du dossier d’instruction peut heurter, il l’annonce et leur laisse quelques instants pour quitter la salle.
Diplomate, Périès sait reculer quand la vague est trop forte. Ainsi accepte-t-il la demande des avocats de la défense de procéder à une contre-expertise de Salah Abdeslam qu’un médecin avait trouvé guéri du Covid. Deux autres médecins confirment. Il a perdu du temps, mais il a gagné en crédibilité.
Le président Périès est né à Marseille dont il garde un léger accent méridional. Son père, juge d’instruction, a mené l’enquête sur Gaston Dominici, déclaré coupable du meurtre de trois touristes anglais en 1954 en Provence et dont l’affaire a inspiré le cinéma. Son grand-père était greffier. Il en ressort une parfaite maîtrise du rythme d’un procès, de ses pièges et de ses détours psychologiques. La fin du procès est attendue pour fin mai-début juin.