Joe Biden hausse le ton à l’égard de Moscou et oblige Emmanuel Macron à calmer le jeu
En prenant une posture martiale, le président américain a fait quelques bourdes qui ont semé la confusion.
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- Publié le 27-03-2022 à 19h08
- Mis à jour le 28-03-2022 à 21h52
Emmanuel Macron a mis en garde dimanche contre "l'escalade des mots et des actions" en Ukraine, au lendemain des déclarations de son homologue américain qui a notamment qualifié Vladimir Poutine de "boucher". "Je n'utiliserai pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine", a déclaré M. Macron, annonçant qu'il parlerait à ce dernier "demain ou après-demain" pour organiser une opération d'évacuation de la ville de Marioupol, assiégée depuis des semaines. Dans ce port stratégique sur la mer d'Azov, plus de 2000 civils ont été tués, selon la municipalité.
En visite vendredi et samedi en Pologne, où il a rencontré aussi bien des soldats américains que des réfugiés ukrainiens, Joe Biden a suscité surprise et confusion en s'écartant du texte d'un discours au ton résolument martial, prononcé devant le château royal de Varsovie, pour affirmer que Poutine, "pour l'amour de Dieu, ne pouvait pas rester au pouvoir". La Maison-Blanche a dû prestement préciser que les États-Unis ne souhaitaient pourtant pas un changement de régime à Moscou. "Ce que le Président voulait dire, c'est que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région", a-t-elle nuancé.
Ce n'est pas le seul dérapage qu'il a fallu corriger à Washington. "Vous verrez quand vous serez là-bas, vous verrez des femmes, des jeunes gens debout, dressés devant un p… de tank", a lâché Joe Biden aux soldats de la 82e Division aéroportée stationnée en Pologne. Une remarque qui pouvait suggérer que des troupes américaines se préparaient à entrer en Ukraine, éventualité que la Maison-Blanche a toujours exclue dans la crainte d'entrer en guerre avec la Russie.
Comme sur la place Tian’anmen
Décidément très inspiré par les tanks, le Président y est allé d’un autre propos peu diplomatique, se risquant à comparer la résistance des jeunes Ukrainiens à celle des Chinois qui avaient affronté l’armée sur la place Tian’anmen. Il n’est pas sûr que c’était la réflexion la plus appropriée pour convaincre les dirigeants pékinois de désavouer le Kremlin et de peser en faveur d’un arrêt des hostilités. La répression du 4 juin 1989 hante toujours, en effet, le régime communiste chinois, qui en a fait un tabou.
L’étau russe se desserre un peu dans le Sud
Sur le terrain militaire, alors que la situation restait dramatique au nord-est de Kiev, où la ville de Tcherniguiv est encerclée par les forces russes, l’étau semblait, en revanche, se desserrer dans certaines régions du sud de l’Ukraine. À Mykolaïv, les habitants ont retrouvé un peu d’espoir, après des semaines terribles pendant lesquelles l’armée russe a tenté de faire sauter cette ville verrou sur la route d’Odessa, a constaté l’AFP. Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, seule ville d’importance dont l’armée russe avait revendiqué la prise totale.
"Le temps est magnifique", a commenté samedi le gouverneur de la région, Vitaly Kim, dans une de ces vidéos sur les réseaux sociaux qui ont fait sa popularité depuis le début de l'invasion russe. "Et sans frappe, il le serait encore plus."