Au Royaume-Uni, les dernières funérailles nationales remontent à 57 ans et un certain... Winston Churchill
Les funérailles de la reine rappelleront, à plus d’un égard, celles du "Vieux Lion"…
- Publié le 17-09-2022 à 19h24
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Les obsèques nationales sont aussi au Royaume-Uni réservées aux monarques ou à des membres éminents de la famille régnante, mais sur un mode mineur, surtout si les défunts n’occupent plus le trône. Outre-Manche, elles sont donc demeurées rares. Mais l’octroi d’un tel statut les rend exceptionnelles pour de grands chefs politiques ou militaires.
Une exception notable ? Oui, voici… 57 ans pour les funérailles de Winston Churchill, qui tira sa révérence le 24 janvier 1965 à l’âge de 90 ans. Celui qui fut un acteur de pointe dans l’histoire britannique dès le début du XXe siècle et surtout pendant et après la Seconde Guerre mondiale occupait le 10 Downing Street lors de l’avènement de la reine Elizabeth, qui bénéficia de son expérience. Il eut droit à des funérailles nationales, les dernières en date au Royaume-Uni, pour services rendus. Cet honneur n’échut qu’à l’amiral Nelson (1805) et au duc de Wellington (1852), réputés pour leur contribution militaire, et d’une certaine manière à un autre Premier ministre, William Ewart Gladstone (1898).
Les obsèques du "Vieux Lion" furent aussi un rendez-vous mondial. C’est la reine Elizabeth II qui avait appuyé la demande de lui réserver tous les honneurs à la cathédrale Saint-Paul après qu’il eut été exposé au Westminster Hall.
Une faveur qui s’expliquait par la stature d’homme d’État et le rôle déterminant qu’il joua dans le dénouement de la Seconde Guerre mondiale et dans la mise en place d’un nouvel ordre mondial au lendemain dudit conflit.
La "Queen" ne s’y était pas trompée : tout comme ce qui lui est réservé actuellement, son premier Premier ministre rassembla autour de son cercueil pas moins de 112 pays, à l’exception notable de la Chine populaire.
En cette fin janvier 1965, il fut salué par une cohorte prestigieuse de rois, de chefs d’État, de ministres, et d’hommes d’Église. Et comme pour un Roi ou une Reine, il vit se succéder des milliers de personnes pendant trois jours et autant de nuits à Westminster.

La magie du petit écran
Puis le jour des obsèques resterait aussi gravé dans les esprits, émerveillés par la cérémonie télédiffusée qui donna l’impression de vivre un événement mondial aussi exceptionnel que les heures qui ont suivi l’assassinat du président John F. Kennedy en 1963.
Après l’office religieux, le cortège funèbre avait rejoint la tour de Londres. Là, la Marine avait embarqué le cercueil sur une vedette qui remonta la Tamise jusqu’à la gare de Waterloo. Enfin, la dépouille mortelle gagna par train Bladon près du château de Blenheim. C’est là que Sir Winston Churchill repose désormais près de Randolph, son géniteur.

Dans la presse de l’époque
Lorsqu'on se replonge dans la presse continentale de l'époque, on constate que ces funérailles solennelles où les grands souverains de la Terre, Elizabeth II en tête, rendirent les honneurs ne furent pas perçues comme une manifestation de tristesse, mais comme le coup d'envoi d'une intégration dans l'Histoire. Bien évidemment, on revivra à coup sûr ce lundi un tel au-revoir, vraiment concevable qu'en Grande-Bretagne comme l'ont été jusqu'ici toutes les étapes constitutionnelles depuis la disparition de la Reine. Avec un déploiement de couleurs, de souvenirs féodaux, de traditions généalogiques et héraldiques tellement british. Comme le souligna Le Figaro le lendemain, "sans doute n'y a-t-il plus qu'un seul pays au monde, en 1965, l'Angleterre éternelle et royale, à pouvoir nous offrir un spectacle d'une telle tenue et d'une telle perfection".
L’on revivra de telles émotions dans quelques jours… Même si les souverains ne seront plus ceux d’il y a près de six décennies. À l’évidence, un grand moment historique à revivre selon les codes actuels.