Le domicile de l’eurodéputé belge Marc Tarabella perquisitionné
L'eurodéputé socialiste Marc Tarabella a été convoqué par la Commission de vigilance du PS.
- Publié le 11-12-2022 à 22h15
- Mis à jour le 11-12-2022 à 22h18
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Passionné de football, l'eurodéputé socialiste belge Marc Tarabella n'aura guère eu l'occasion de profiter du quart de finale France - Angleterre. Son domicile d'Anthisnes, en province de Liège, a été perquisitionné samedi soir, en sa présence, dans le cadre de l'enquête du parquet fédéral relative à un scandale de corruption présumé au sein du Parlement européen. Revenue spécialement de Malte, la présidente du Parlement, Roberta Metsola, était présente, conformément à ce qu'exige l'article 59 de la Constitution belge : le président d'une assemblée où siège un membre élu en Belgique doit être présent en cas de perquisition ou de saisie effectuée au domicile de ce dernier. Les enquêteurs ont saisi du matériel informatique et le smartphone de M. Tarabella, qui n'a pas été privé de sa liberté. L'entourage du député a fait parvenir à La Libre la réaction écrite suivante : "La justice fait son travail d'information et d'enquête, ce que je trouve tout à fait normal. Je n'ai absolument rien à cacher et je répondrai à toutes leurs questions, cela va de soi, si cela peut les aider à faire toute la lumière sur cette affaire."
Vendredi, c’est le bureau de G.M., un ancien assistant parlementaire de Marc Tarabella, que la police avait placé sous scellé. L’homme de nationalité italienne avait été l’assistant de l’ex-eurodéputé italien et fondateur de l’ONG Fight impunity, Pier Antonio Panzeri, qui a été placé dimanche sous mandat d’arrêt.
Le Parti socialiste a fait savoir via Twitter que M. Tarabella était convoqué pour s’expliquer sur cette affaire devant la commission de vigilance du parti.
Un discours envers le Qatar qui s’est adouci
Âgé de 59 ans, Marc Tarabella est un vétéran du Parlement européen où il siège depuis 2004 presque sans discontinuer - il a été ministre wallon et communautaire de 2007 à 2009. Membre au long cours de la commission Agriculture et développement rural, le Belge est également vice-président de la Délégation du Parlement pour les relations avec la péninsule arabique. En 2015, il avait fait partie d'un collectif "New Fifa now" rassemblant des personnalités critiques du fonctionnement de la fédération internationale de football. Il plaidait, à l'époque, que la Coupe du monde 2022 soit retirée au Qatar, qualifiée "d'erreur de casting" .
L'eurodéputé a revu son jugement : lors du débat organisé le 21 novembre dernier en séance plénière du Parlement sur la situation des droits humains au Qatar, il défendait que "si la situation n'était pas parfaite, loin de là" dans le pays du Golfe, l'attribution de la Coupe du monde l'avait poussé à entreprendre des réformes dont l'abandon de la kafala, système de dépendance des travailleurs, toujours en vigueur dans les pays voisins, au Qatar. Il déplorait le "discours unilatéralement négatif" qu'il jugeait "préjudiciable à l'évolution des droits dans l'avenir au Qatar".

L'eurodéputé avait voté contre la résolution du Parlement demandant au Qatar et à la Fifa d'indemniser tous les travailleurs victimes des préparatifs de la Coupe du monde.
Le 1er décembre, Marc Tarabella avait remplacé un élu de son groupe en commission Libertés civiles, Justice et Affaires intérieures, dont il n'est pas membre, ni suppléant, et avait voté en faveur de la libéralisation des visas pour les Qataris. La vice-présidente du Parlement européen, la socialiste grecque Eva Kaili, avait elle aussi pris part à ce vote, sans être membre de la commission Libé. Mme Kaili a été, elle, placée, sous mandat d'arrêt.