La Belgique veut prouver qu’elle n’est pas le maillon faible des alliés de l’Ukraine
Le gouvernement a validé vendredi un nouveau paquet d’aide militaire de 93,8 millions d’euros.
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- Publié le 27-01-2023 à 18h50
- Mis à jour le 27-01-2023 à 21h24
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Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) voulait manifestement faire la démonstration urbi et orbi que la Belgique fait sa part du job dans le soutien à l’Ukraine. Il est midi, ce vendredi. Les journalistes qui patientent dans le “bunker”, la salle de presse du siège du gouvernement, reçoivent une feuille sur laquelle sont reprises les grandes masses budgétaires de l’aide apportée à l’Ukraine.
On y lit que l’aide militaire représente plus de 200 millions d’euros depuis le début du conflit, en ce compris le nouveau paquet validé le matin même par le Conseil des ministres. L’aide civile est de 86 millions. 64 000 réfugiés ont été accueillis. 58 milliards d’euros d’actifs russes ont été gelés, et des transactions bloquées pour un montant de 191 milliards….
La Belgique a plusieurs fois été pointée du doigt ces derniers mois, notamment par la Kiel Institute for the World Economy, en raison de la faiblesse présumée de l’aide apportée à l’Ukraine. Le gouvernement fédéral a voulu démontrer le contraire.
”Le ranking n’est pas important”
”Je n’aime pas qu’on fasse une compétition entre les nations, a réagi la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS). L’enjeu, c’est d’être complémentaires. Ensemble, nous répondons aux demandes des Ukrainiens en fonction de ce dont on dispose.” “Le ranking n’est pas important”, a appuyé le Premier ministre, faisant tout de même remarquer que la Belgique apporte une aide comparable à celle de grands pays comme la France, l’Italie ou l’Espagne. “La Belgique fait ce qu’on peut attendre d’elle.”
Le soutien militaire belge depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, il y a onze mois, correspond à un montant de 227,9 millions d’euros net à charge de la Défense nationale, selon les chiffres donnés par le ministère. Ce montant inclut les 93,8 millions d’euros du paquet d’aide validé vendredi par le Conseil des ministres.
Ce paquet comprend des missiles antiaériens et antichars, des mitrailleuses, des munitions, des grenades et d’autres équipements militaires, selon ce qu’en a dit la ministre Dedonder. “Une partie de ces armes et munitions proviennent des stocks disponibles de la Défense, une autre partie est achetée auprès de l’industrie belge de l’armement pour être transférée à l’Ukraine”, a-t-elle précisé.
Des Lynx et des camions Volvo
La socialiste a également indiqué que la Belgique enverrait en Ukraine, “dans les semaines ou mois à venir”, des blindés sur roues de type Lynx et des camions Volvo, dont les remplacements à la Défense sont de toute façon prévus à court terme. Ces véhicules sont “tous opérationnels”, a tenu à souligner la ministre, alors que des doutes ont été émis à cet égard.
Avant la décision de vendredi, la Belgique avait déjà envoyé depuis le début du conflit pour 90 millions d’euros d’aide militaire (fusils d’assaut, mitrailleuses, lance-roquettes et lance-grenades antichars, missiles antichars), ainsi que 38 000 tonnes de carburant à usage militaire pour 44,1 millions d’euros.
La livraison de chars Léopard I reste en revanche très hypothétique.
La livraison de chars Léopard I reste en revanche très hypothétique. La Défense n’en a plus depuis 2014. La Belgique devrait dès lors racheter ceux qui se trouvent dans les hangars d’entreprises privées (en particulier la firme OIP) après remise à niveau. La piste n’a pas été formellement écartée par la ministre Dedonder, vendredi, mais elle semble très peu probable.
L’envoi de F-16 n’est pas à l’ordre du jour
Des pistes comparables s’étaient déjà présentées ces derniers mois pour les obusiers M109, des camions ou les chars Gepard, mais les coûts de remise à niveau demandés par l’industrie avaient été jugés excessifs. Or, plaide le gouvernement, cet argent peut être utilisé de manière plus judicieuse pour soutenir l’Ukraine.
Après les chars d’assaut, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a aussi réclamé, mercredi, des avions de combat. La Belgique pourrait-elle fournir des F-16 ? “Dans les interactions que j’ai eues encore il y a deux semaines (avec le président Zelensky), cette question-là n’a pas été posée spécifiquement”, a répondu le Premier ministre.
Mme Dedonder et lui ont par ailleurs rappelé que la Belgique ne mettrait pas à mal les capacités opérationnelles de son armée pour fournir du matériel à l’Ukraine. Or les F-16 sont abondamment utilisés en opération à l’étranger ou pour la défense du territoire national.