Accident de Pierre Palmade : quand des consommateurs de cocaïne, qui pensent gérer, perdent soudain le contrôle
L'humoriste français était sous l'influence de la cocaïne lors de son accident de vendredi soir. Les symptômes de dépendance sont principalement psychologiques.
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Publié le 13-02-2023 à 10h40 - Mis à jour le 14-02-2023 à 13h55
Pierre Palmade a commis un accident de la route, ce vendredi soir, en Seine-et-Marne, faisant, outre l'humoriste vedette, trois blessés graves dont un enfant et une femme enceinte qui a perdu son bébé. Le comédien de 54 ans conduisait sous l'emprise de la cocaïne, a indiqué le procureur de la République. Une enquête a été ouverte pour homicide et blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, par conducteur sous l'emprise de produits stupéfiants.
Les problèmes de drogue de Pierre Palmade sont connus de longue date. Il avait été condamné en 1995 pour consommation de cocaïne. En 2019, il avait été placé en garde à vue pour "usage et acquisition de stupéfiants" après avoir été faussement accusé de viol. Comment devient-on accro à un tel stupéfiant ? La Libre avait fait le point récemment. Voici nos explications.
"Le roi du monde"
Deux ou trois minutes après avoir inhalé un rail de cocaïne, “on se sent le roi du monde”, explique un sniffeur. Un monde d’illusions. Absorbée par les muqueuses nasales, la cocaïne entre directement dans le sang. Un sentiment de bien-être et d’euphorie envahit les usagers, avec une impression de lucidité accrue, doublée d’une sensation de puissance, de confiance et soi. La vigilance et la concentration s’accroissent, les idées se multiplient. Les relations semblent plus faciles. La fatigue s’envole, la sensation de faim et de soif diminue. Une ligne de coke stimule le désir sexuel.
Après le “rush”, la descente…
Voilà pour le plaisir. Mais le “rush”, comme un effet de réalité augmentée, ne dure que 30 à 60 minutes. Et encore, si la cocaïne (aussi appelée “neige” ou “coco”) est de bonne qualité. Il arrive souvent que la poudre blanche (on dit juste “la blanche”) soit coupée, à plusieurs reprises, avec du sucre, de l’aspirine, du bicarbonate ou d’autres crasses comme des amphétamines, des anesthésiques, des vermifuges vétérinaires… Avec les risques supplémentaires que ces cocktails entraînent.
Drogue psychotrope aux effets stimulants, la cocaïne agit sur le système nerveux central : elle active la production de dopamine (l’hormone du bonheur) dans le cerveau. Après le “rush”, d’assez courte durée, vient la descente (aussi appelée “crash”). Cette période de lassitude peut durer de 24 à 48 heures. L’usager occasionnel peut éprouver de la fatigue, avec des sentiments dépressifs et des angoisses.
Une fois que la consommation s’installe, l’euphorie est moins marquée et (encore) plus brève. Le scénario est souvent le même : la cocaïne procure un bien-être de plus en plus éphémère, qui laisse très vite place à une sensation pénible de malaise. Pour en sortir, on reprend vite une deuxième ligne, puis une troisième. Le potentiel addictif de ce mode de consommation est très élevé. Un besoin irrépressible de consommer s’installe pour éviter les symptômes du manque. Les usagers réguliers développent de l’agitation, de l’anxiété, des illusions sensorielles et parfois des comportements violents, décrit Infor Drogues.
Pas d’énergie supplémentaire
Contrairement aux idées reçues, la cocaïne ne procure pas d’énergie supplémentaire, mais stimule le cerveau pour qu’il en libère davantage. L’organisme s’épuise quand les usages se répètent, entraînant des épisodes dépressifs et anxieux (agitation, peur panique…), jusqu’à des crises d’angoisse intenses et imprévisibles.
L’abus de cocaïne entraîne un risque d’infection de la paroi nasale, des sinusites chroniques, voire une perforation de la cloison nasale et une perte d’odorat. Sans compter le risque de contracter une hépatite (B ou C) si on partage les pailles.
La consommation quotidienne de doses relativement élevées peut aussi entraîner des complications cardiaques : le cœur s’emballe, bat très vite et fatigue parce qu’il doit pomper davantage.
En cas de prise d’une grande quantité, même occasionnellement, les effets physiques s’accentuent jusqu’à devenir dangereux, prévient Infor Drogues. Et les effets psychiques s’inversent : oubliée l’euphorie, l’usager peut devenir anxieux, irritable, parano.
Une forte dépendance psychologique
Les symptômes de dépendance à la cocaïne sont principalement psychologiques. Le pouvoir addictif de la coke est très fort en raison du sentiment de puissance qu’elle procure et de la courte durée des effets qui mène à vouloir en reprendre très vite.
Si la prise occasionnelle et modérée de cocaïne en “sniff” limite le risque de forte dépendance, elle ne l’exclut pas. Des consommateurs qui pensent gérer perdent soudain le contrôle et deviennent accros. Avec, à la clé, de graves problèmes familiaux, relationnels et sociaux, quand le produit envahit le quotidien, jusqu’à une déroute financière quand le salaire entier passe dans les lignes.
Pour plus d’informations : Infor Drogues Permanence téléphonique 02 227.52.52