Italie: Giorgia Meloni triomphe aux élections régionales
Sa majorité empoche le Latium et la Lombardie. Salvini et Berlusconi largués par le parti d’extrême droite.
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- Publié le 13-02-2023 à 23h42
- Mis à jour le 13-02-2023 à 23h51
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“C’est un résultat important qui consolide l’unité de la coalition de droite et renforce l’action du gouvernement !” C’est avec ce message, étrangement humble, que Giorgia Meloni a commenté lundi l’écrasante victoire de son parti aux élections régionales en Lombardie et dans le Latium. Des élections que la présidente du Conseil des ministres considérait comme un test important puisque douze millions d’électeurs étaient appelés à voter dans ces deux régions de poids. Dans les deux cas, la coalition de droite et d’extrême droite l’a emporté haut la main, face à des partis d’opposition de gauche et du centre qui se sont présentés affaiblis et divisés. Mais, paradoxalement, le triomphe de Fratelli d’Italia pourrait provoquer des tensions dans la majorité.
Veni Vedi Vinci
Dans le Latium, Giorgia Meloni joue désormais le rôle d’une véritable impératrice romaine. Originaire de Rome, elle tenait particulièrement à cette victoire et avait imposé le candidat à ses alliés. Francesco Rocca, ancien président de la Croix-Rouge italienne, l’a emporté sans coup férir dans cette région qui était administrée par la gauche depuis dix ans. Sans être une personnalité connue, Francesco Rocca est un proche de Giorgia Meloni. En choisissant un acteur de la société civile ; elle a dribblé les difficultés internes de son parti qui manque cruellement d’une classe dirigeante de qualité. Le nouveau Président du Latium va devoir affronter les difficultés de cette région de quatre millions et demi d’habitants où la santé publique, les transports et le problème des immondices représentent un défi quotidien. Mais pour Fratelli d’Italia, le jeu en valait la chandelle. Obtenir une victoire de prestige à Rome, à deux ans de l’année jubilaire de 2025 qui devrait drainer des millions de personnes dans la capitale. Une victoire qui permet à la droite d’administrer désormais seize régions sur les vingt que compte la péninsule.
La Lega battue en Lombardie
Depuis toujours, La Lombardie est administrée par la droite. Le gouverneur sortant, Attilio Fontana, provenant de La Ligue de Matteo Salvini y est réélu avec près de 56 % des voix malgré une très mauvaise gestion de l’épidémie du Covid19. “C’est une victoire d’équipe”, a commenté Matteo Salvini. “Je ne suis pas passionné par le thème de l’affrontement interne. Nous sommes une équipe gagnante avec Giorgia (Meloni) et Silvio (Berlusconi)”, ajoute-t-il, tentant de faire contre mauvaise fortune bon cœur, car son parti est supplanté par l’extrême droite de Giorgia Meloni qui empoche près de trente pour cent des voix dans la forteresse de La Ligue du Nord.
Fratelli d’Italia confirme ainsi sa suprématie dans la coalition de droite, volant des millions de voix à ses deux alliés. Un trésor qui pourrait lui servir en cas de difficultés au sein du gouvernement national pour imposer certains choix mais qui pourrait aussi se transformer en boomerang. Silvio Berlusconi vient d’ailleurs de donner un avant-goût de ce que pourraient être ces tentatives de déstabilisation en affirmant sans sourciller : “Comme Premier ministre, je n’aurais jamais parlé avec le Président Zelenski […] Il suffisait qu’il cesse d’attaquer les deux républiques autonomes du Donbass et rien ne se serait passé. Je juge très négativement le comportement de ce Monsieur !” Une affirmation qui a plongé Giorgia Meloni dans l’embarras et qui l’oblige à réaffirmer que son gouvernement est uni dans le soutien à l’Ukraine. Difficile d’expliquer à l’Union européenne et à l’OTAN que deux des partis de la coalition sont en effet plus proches de la Russie que de l’Ukraine.
La participation en crise
Mais si la coalition du gouvernement italien semble triompher lors de ces élections régionales, l’abstention reste la grande gagnante, de quoi inciter le monde politique italien a se poser de sérieuses questions. Avec 42 % d’électeurs en Lombardie et 37 % dans le Latium, l’abstention est la grande gagnante. Le morcellement de l’opposition en est sans doute responsable, les électeurs qui ne voulaient pas voter en faveur de la coalition au pouvoir n’ont pas trouvé de réponse valable à leurs attentes. “C’est une défaite nette pour le Parti démocrate”, a écrit Elly Schlein, candidate aux élections primaires de la gauche qui se tiendront fin du mois, “la preuve qu’il est temps de changer les dirigeants !”
En attendant que l’opposition renaisse de ses cendres, Giorgia Meloni poursuit son inexorable ascension.