Qui est Nikos Christodoulides, le plus jeune président de Chypre?
À 49 ans, il succède à Nicos Anastasiades et devient le plus jeune chef d’État de l’histoire de l’île méditerranéenne. Son parcours impressionant témoigne d’une intelligence politique singulière.
- Publié le 13-02-2023 à 18h42
Il voit le jour le 6 décembre 1973 à Geroskipou, dans la banlieue Est de Paphos, au Sud-Ouest du pays. C’est de cette même petite ville, reconnue pour ses savoureux loukoums, que sa mère est issue. À 18 ans, il termine ses études secondaires au Lycée de l’archevêque Makarios à Paphos. Il s’envole pour la côte Est des États-Unis. Il y décrochera un bachelier en sciences politiques, économie et études byzantines et grecques modernes au Queens College. Puis, il s’octroie un autre diplome en sciences politiques de l’Université de New York après quoi il revient en Europe pour étudier la diplomatie à l’Université de Malte. C’est parallèlement aux études que sa carrière politique démarre en tant que membre du service diplomatique de la République de Chypre en 1999. Études qu’il termine en 2003 par un doctorat délivré par le département de science politique et d’administration publique de l’Université d’Athènes.
Après une douzaine d’années d’études supérieures, le natif de Geroskipou se tourne vers l’enseignement et la recherche au Département d’histoire et d’archéologie de l’Université de Chypre où il fera de l’histoire du monde d’après-guerre son domaine d’expertise. Il publiera deux livres, en 2009 et 2013, portant tous deux sur “le problème chypriote”. Il signe également de nombreux articles scientifiques sur la politique étrangère et l’histoire chypriote contemporaine.
Montée en puissance
Membre de la diplomatie chypriote jusqu’en 2013, il enchainera des responsabilités variées allant de consul général à Londres à conseiller à la mission permanente de la République de Chypre à l’Union européenne. Entre 2014 et 2018, la présidence chypriote du Conseil de l’UE lui a permis d’endosser le rôle de porte-parole de la présidence à Bruxelles.
C’est logiquement, au sein du gouvernement de Nicos Anastasiades, que le natif de Geroskipou sera nommé au poste de ministre des Affaires étrangères duquel il démissionne en février 2022. C’est que M. Christodoulides voit plus grand : il vise le poste de chef d’État. Il se présente comme indépendant et a le soutien des centristes. Pour devenir, le dimanche 12 février 2023, le 8e président de la République avec 51,92 % des suffrages, face à un autre diplomate, Andreas Mavroyiannis. L’objectif de taille que s’est fixé M. Christodoulides est de réunifier l’île. Le nord étant toujours autoproclamé République turque de Chypre-Nord (RTCN), la république n’a dès lors d’emprise que sur le Sud de l’île. Les négociations reprendront dans le courant de ce nouveau quinquennat. La corruption est, elle aussi, au coeur de la campagne électorale tout comme l’afflux de migrants et demandeurs d’asile, ces derniers composant 6 % de la population totale de l’île. “C’est par l’unité […] que nous pourrons vraiment répondre aux attentes du peuple chypriote” a-t-il déclaré après avoir voté. Au-delà de l’inflation et de la politique migratoire, c’est avant tout à l’unification de l’île que l’homme devra s’atteler. Ce qui ne manquera pas de faire réagir le président turc, Recep Tayyip Erdogan.