Jeux Olympiques : la France sera-t-elle prête pour Paris 2024 ?
Ce 15 février, les premiers tickets pour assister aux J O seront mis en vente.
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- Publié le 14-02-2023 à 19h41
- Mis à jour le 14-02-2023 à 19h42
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C’est la dernière ligne droite d’un marathon entamé il y a six ans… et hérissé de haies. À moins d’un an et demi du coup d’envoi des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et alors que les premiers billets sont mis en vente à partir de ce 15 février, la France met les bouchées doubles, sinon triples, pour se préparer à accueillir dignement 10 000 athlètes et 10 millions de spectateurs dans vingt villes, du 26 juillet au 11 août 2024. Recrutements d’agents de sécurité, construction d’un village olympique en Seine-Saint-Denis, rénovation du stade de France, aménagement du parc du Château de Versailles : le défi est immense, accentué par les nouvelles exigences de transparence, de sobriété, d’éthique et de développement durable ! Le pays ne manque en tout cas pas d’expérience en la matière, ayant déjà organisé des Jeux d’été en 1900 et 1924 et des Jeux d’hiver en 1924 (Chamonix), 1968 (Grenoble) et 1992 (Albertville). Mais ces dernières années, cet évènement sportif mondial a pris une ampleur monstre. Rien que l’organisation de la cérémonie d’ouverture sur la Seine – la première jamais organisée en dehors des murs d’un stade – a de quoi donner des sueurs froides à tous les champions de l’évènementiel de Paris réunis.
“La France est prête pour les Jeux, elle les attend”
”La France est prête pour les Jeux, elle les attend”, déclarait en 2017 Emmanuel Macron, jamais à court de certitudes, à l’issue de la présentation à Lausanne devant le CIO de la candidature parisienne. Prêts, le sommes-nous vraiment ? À plusieurs égards, la Cour des Comptes, mandatée par le Parlement dès 2019 pour assurer un rôle de vigie, semble en douter. Dans son rapport d’étape publié le 10 janvier 2023, l’institution estime que la phase de planification stratégique s’est bien déroulée. Mais elle pointe “de nombreux points de vigilance”, alerte sur de “probables carences” et s’inquiète de “risques qui ne peuvent que croître”. Sur l’épineuse question du budget, la Cour se fend d’une phrase très ambiguë : “La Cour n’est pas en mesure, à ce stade, d’établir le coût global des Jeux et son impact total sur les finances publiques”. Selon elle, le coût de 6,9 milliards d’euros avancé en phase de candidature pourrait grimper à 8,8 milliards d’euros (dont 2,4 milliards d’euros de financement public). L’objectif d’organiser “des jeux sobres aux coûts maîtrisés pour les finances publiques” peut-il dès lors être atteint ? Pas sûr, surtout à l’heure d’une inflation record.
Face à la pénurie d’agents de sécurité, l’armée ?
D’autres inquiétudes portent sur la question, potentiellement vitale cette fois, de la sécurité. Après le fiasco des forces de l’ordre lors de la finale de la Ligue des champions au stade de France en mai 2022, de nombreux doutes se sont exprimés sur la capacité des autorités à sécuriser les JO. Plus de 30 000 policiers et gendarmes seront mobilisés chaque jour en moyenne. Et de nombreux agents de sécurité privée veilleront au grain. Problème, impossible d’en recruter suffisamment ! Sur les 22 000 agents nécessaires, il en manquait, en janvier, la moitié. Pour faciliter leur recrutement, un titre spécifique provisoire a été créé, notamment pour les étudiants, et la prime versée pour inciter les chômeurs à se former à ces métiers a été doublée. Mais la pénurie est telle que l’armée pourrait être mobilisée (comme aux Jeux de Londres). Interpellé le mois dernier au cours du débat sur le projet de loi olympique par un sénateur, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a expliqué qu’il faudrait attendre “février ou mars” pour en savoir plus.
Parallèlement, le Sénat a adopté un projet de loi prévoyant plusieurs expérimentations, notamment en matière d’usage de la vidéosurveillance “intelligente” avec des caméras augmentées capables de détecter des mouvements de foules, des colis ou des comportements suspects, et de recours à des scanners corporels, comme ceux des aéroports, à l’entrée des stades.
Enfin, côté infrastructures, les problèmes devraient être circonscrits. Le 17 janvier, la société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) a fait le point devant la presse sur l’avancée des travaux. “Nous sommes dans les temps, les coûts et les ambitions fixés pour les ouvrages olympiques”, a assuré son directeur. Il faut dire que les jeux s’appuient essentiellement sur des infrastructures sportives déjà présentes comme le Stade de France et la Défense Arena. L’Arena de la porte de La Chapelle, l’un des rares équipements sportifs construits pour l’occasion, sera néanmoins livrée avec trois mois de retard, à la fin de l’année 2023. Reste une inconnue liée à la fin des travaux de prolongement de la ligne E du RER et de la ligne 14 du métro parisien. “Ils doivent impérativement être achevés dans les délais prévus. Leur importance est cruciale pour la réussite de la gestion des flux de spectateurs et d’usagers du quotidien”, alerte la Cour des Comptes. Sans quoi les visiteurs risquent fort de devoir, eux aussi, se lancer dans un marathon à travers Paris.