Charles de Courson, le centriste bon teint qui fédère les opposants de tous bords à la réforme des retraites en France
Fervent opposant au texte et au 49.3 utilisé par le gouvernement ce 16 mars, le député de la Marne a annoncé que son groupe parlementaire Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) allait déposer une motion de censure.
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Publié le 16-03-2023 à 20h12
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Qui aurait pu prédire qu’un député âgé de 70 ans, centriste bon teint, magistrat de la Cour des comptes, allait fédérer les opposants de tous bords à la réforme des retraites ? C’est pourtant bien le rôle que joue Charles de Courson au sein d’une Assemblée nationale en proie à la fureur et aux cris. Fervent opposant au texte et au 49.3 utilisé par le gouvernement ce 16 mars, le député de la Marne a annoncé que son groupe parlementaire Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) allait déposer une motion de censure. Laquelle pourrait fédérer davantage de députés que celles déposées par le Rassemblement National ou La France Insoumise.
De son vrai nom Charles Amédée du Buisson de Courson, il n’a pourtant guère le profil du frondeur, de l’insoumis ou du populiste. Connu pour son attachement au sérieux budgétaire, précis et respectueux, viscéralement engagé contre l’extrême-droite, il détient le record de longévité à l’Assemblée avec six mandats consécutifs (et sa famille y a toujours été présente depuis la Révolution). Énarque sorti major de l’Essec, il a également été maire pendant trente et un ans d’un petit village de la Marne.
Résistance au Parlement
Mais il n’en est pas à son premier coup d’essai. Au fil de sa carrière politique, il a bataillé aussi bien contre les avantages sociaux en Corse que contre l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie dans l’affaire du Crédit lyonnais. En 2019, il s’oppose farouchement au projet de loi anti-casseurs. Le journal Le Monde lui consacre alors un long portrait, le surnommant “le résistant parlementaire”, en clin d’œil à son père résistant et à sa grand-mère morte en déportation à Ravensbrück.
Plus récemment, le 5 février, sa prise de position lui a valu une standing ovation de la NUPES, la coalition de gauche, dans l’hémicycle. Ce jour-là, il fustige le refus de la présidente de l’Assemblée d’examiner la motion qu’il a déposée pour exiger un référendum sur la réforme des retraites et que des députés de six groupes de l’opposition ont signée.
Ces derniers jours, il multiplie les déclarations dans les médias contre cette réforme qui, selon lui, “va surtout impacter les gens aux métiers les moins valorisés” et ne prévoit rien pour les mères de famille ni pour les seniors. Il se prononce pour la fin des régimes spéciaux, y compris ceux des parlementaires. “J’ai toujours pensé – et ça n’est pas aujourd’hui que je changerai d’avis – que nous devons donner l’exemple. On ne peut pas demander des efforts à nos concitoyens, sans se les appliquer à soi-même”.
Il dénonce en outre “la méthode” employée par le gouvernement, qui a inscrit le texte dans un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS) afin de limiter le temps consacré aux débats parlementaires. “Un véritable déni de démocratie” à ses yeux. Une accusation devenue presque banale en ces temps chahutés, mais qui résonne singulièrement quand elle émane d’un vieux briscard de la politique comme lui.