"Le combat continue", "Ça va péter": échauffourées dans les grandes villes françaises après l'adoption de la réforme des retraites (VIDÉOS)

Des centaines de Français sont descendus dans les rues de Paris, et dans d'autres grandes villes, après le rejet des deux motions de censure contre le gouvernement.

Après le rejet à 9 voix près d'une première motion de censure transpartisane contre le gouvernement française et sa réforme des retraites, la motion de l'extrême droite n'a recueilli que 94 voix sur les 287 nécessaires. La gauche comme le groupe RN ont déjà annoncé des saisines du Conseil constitutionnel, qui devra se prononcer avant une promulgation du projet de réforme très contesté.

Quelque 250 parlementaires, principalement de gauche, réclament en outre un référendum d'initiative partagée (RIP) pour "affirmer que l'âge légal de départ à la retraite ne peut être fixé au-delà de 62 ans". La Première ministre Elisabeth Borne avait déclenché jeudi l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer sans vote la réforme très contestée, n'étant pas certaine d'obtenir une majorité.

Tensions dans les rues françaises

Lundi soir, des poubelles renversées et brûlées, des barricades, des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, et des fumigènes ont marqué certaines des manifestations qui ont éclaté spontanément un peu partout en France après l'adoption de la réforme.

Les mêmes scènes de tension se sont reproduites dans plusieurs grandes villes, comme à Lyon, Nantes, Rennes, ou Strasbourg où quelque 2.000 personnes ont manifesté, selon la préfecture.

"Ça va péter", ont scandé les manifestants à Lille. "Louis XVI on l'a décapité, Macron on va recommencer".

A Donges (Loire-Atlantique), les forces de l'ordre sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier, occupé depuis une semaine par des grévistes, a constaté un photographe de l'AFP sur place.

Une source proche des grévistes jointe par l'AFP avant la fin de l'intervention a fait état "d'affrontements" dans la nuit.

A Paris, peu après 00H30, 171 personnes avaient été interpellées à Paris, selon une source policière.

Des gardes à vue "arbitraires" vivement critiquées

Des manifestants retenus plusieurs heures au commissariat, puis relâchés sans aucune poursuite: avec les rassemblements spontanés contre le 49.3, avocats, magistrats et politiques dénoncent des gardes à vue "arbitraires", y voyant, comme lors d'autres mobilisations ces dernières années, une "répression du mouvement social".

Trois pour cent: sur les 292 personnes placées en garde à vue en marge du premier rassemblement spontané jeudi, place de la Concorde, émaillé d'incidents, seules neuf ont été présentées au parquet, notamment pour des rappels à la loi. 283 procédures ont ainsi été classées sans suite, pour infraction insuffisamment caractérisée ou absence d'infraction.

Le lendemain, 60 personnes ont été placées en garde à vue: 34 procédures ont été classées, 21 ont mené à des mesures alternatives (rappel à la loi, avertissement probatoire...) et cinq à un procès.

"C'était vraiment toutes sortes de profils: étudiants à l'ENS, médecin, sans-abris, mineurs, syndicalistes, enseignants, des gens qui sortaient d'un colloque et qui ont été nassés", décrit pour l'AFP Me Coline Bouillon, l'une des avocates ayant assisté des manifestants.

Les personnes ont été placées en garde à vue pour "participation à un groupement en vue de la préparation de violences", ou "dissimulation du visage" et sont restées 24h ou 48h en garde à vue, a précisé l'avocate, qui parle de "gardes à vue-sanctions", avec des "dossiers irréguliers", "vides en terme de preuve de culpabilité".

Un groupe d'avocats dont elle est membre entend déposer une plainte collective pour "détention arbitraire" et "entrave à la liberté de manifester".

Dans un communiqué, le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, a lui aussi dénoncé lundi ces nombreux placements en garde à vue, y voyant une "répression du mouvement social".

"Il y a une instrumentalisation du droit pénal par le pouvoir politique, afin de dissuader les manifestants de manifester et d'exercer cette liberté", estime également Me Raphaël Kempf, qui souligne l'absence de "réparation" ou "d'excuse".

Plusieurs politiques de gauche, comme les députés LFI Ugo Bernalicis et Mathilde Panot ou l'adjoint à la maire de Paris David Belliard ont critiqué des "arrestations arbitraires".

Protestors march next to a fire during a demonstration a few days after the government pushed a pensions reform through parliament without a vote, using the article 49,3 of the constitution in Strasbourg on March 20, 2023. - The French government survived two no-confidence motions in parliament on March 20, 2023 but still faces intense pressure over its handling of a controversial pensions reform. (Photo by Frederick FLORIN / AFP)
©AFP or licensors
Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...