Pourquoi la Finlande va entrer dans l’Otan avant la Suède
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg table sur le bouclage des ratifications “avant les élections turques” du 14 mai. Pour la Suède, c’est plus compliqué.
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Publié le 21-03-2023 à 18h45
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L’espoir de voir la Finlande et la Suède entrer en même temps dans l’Otan est définitivement compromis à la suite des blocages de la Turquie et de la Hongrie. Ce sera donc une adhésion un par un. “La Finlande devrait devenir membre avant les élections turques” du 14 mai, a tablé le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse mardi à Bruxelles. Pour la seconde, il n’y a “pas de date exacte”, a-t-il reconnu. Mais certainement après ces élections, où le président turc Recep Tayyip Erdogan joue son avenir.
Erdogan a donné son feu vert à la Finlande le 17 mars tout en déplorant que la Suède ne respectait pas, selon lui, les engagements pris au sommet de l’Otan à Madrid en juin 2022. Ankara réclame notamment l’extradition de quelque 120 membres présumés du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), considérés dans sa version turque comme un groupe “terroriste” par la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis.
Jusqu’ici Stockholm n’a extradé qu’un seul membre présumé du PKK, un chauffeur de taxi originaire de Dersim qui avait trouvé refuge en Suède après avoir été condamné en Turquie à six ans et dix mois de prison. En 2015, Mahmut Tat avait demandé l’asile politique en Suède, sans l’obtenir. Or la plupart des membres du PKK sont protégés en Europe par le statut de l’asile politique et peuvent voyager librement dans l’espace Schengen.
La Suède entend protéger sa démocratie
La Turquie “veut des choses que nous ne pouvons et ne voulons pas lui donner”, a reconnu le Premier ministre suédois Ulf Kristersson début janvier, en référence à l’épineuse question des extraditions. Stockholm entend préserver son système démocratique et insiste dans ses négociations avec la Turquie sur la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et la justice.
Les relations se sont envenimées en janvier lors de deux incidents diplomatiques. Le premier fut provoqué par des militants prokurdes qui ont pendu en effigie un mannequin du président Erdogan devant l’Hôtel de ville de Stockholm. Le second a été initié par un extrémiste de droite, anti-islam, issu du petit parti Stram Kurs (Ligne dure), qui a brûlé le Coran devant l’ambassade de Turquie à Stockholm. Depuis, Suédois et Turcs se reparlent – la dernière réunion a eu lieu à l’Otan il y a quelques jours – sans aboutir pour le moment à un accord.
De son côté, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a lui aussi promis un vote du parlement hongrois sur l’adhésion de la Finlande le 27 mars. Le blocage de Budapest résulte des relations personnelles qu’entretient Orban avec les présidents turc et russe, mais aussi de sa volonté de négocier de meilleurs droits pour la minorité hongroise vivant en Ukraine.
"Il suffit de regarder les cartes", dit Jens Stoltenberg
L’adhésion des deux pays nordiques est une conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine. La demande a été déposée dès mai de l’an dernier. “Poutine voulait moins d’Otan. Il a plus d’Otan”, a répété mardi le secrétaire général de l’Alliance. Avec la Finlande, l’Otan va hériter de sa frontière de 1 340 km avec la Russie. M.Stoltenberg affirme que l’“intégration militaire” de la Suède se poursuit malgré les blocages turc et hongrois puisque Stockholm a obtenu le statut d’“invité” au sommet de Madrid. Il ajoute que les compétences des deux pays seront très utiles pour opérer dans le Grand Nord de même que pour protéger les pays baltes. “Il suffit de regarder les cartes”, dit-il.