Boris Johnson sur le grill devant une commission sur le partygate: "Je m'excuse d'avoir induit le parlement en erreur par inadvertance"
L'audition de Boris Johnson à propos du "partygate" va durer plusieurs heures, ce mercredi.
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Publié le 22-03-2023 à 16h44 - Mis à jour le 22-03-2023 à 19h55
L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé mercredi "la main sur le cœur" qu'il n'avait pas menti au parlement, lors d'une audition devant une commission parlementaire qui va passer au crible ses mensonges durant la crise du Partygate, ces fêtes à Downing Street en pleine pandémie.
Combatif, l'ancien leader conservateur de 58 ans a promis de dire "toute la vérité" en prêtant serment sur la Bible à l'ouverture de cette audition télévisée qui a duré plus de trois heures.
La commission a diffusé des photos des rassemblements à Downing Street, des témoignages, des extraits des déclarations de l'époque de Boris Johnson, le mettant face à ses contradictions. Devant les preuves avancées, il a tenté de répondre point par point, malgré quelques silences et hésitations.
"En tout temps, j'ai été entièrement transparent au parlement", a-t-il affirmé. "Je m'excuse d'avoir induit le parlement en erreur par inadvertance, mais dire que je l'ai fait délibérément est totalement faux."
Boris Johnson s'est volontiers défaussé sur ses anciens conseillers. "J'accepte qu'une parfaite distanciation sociale n'était pas respectée (à Downing Street), mais cela ne veut pas dire, que ce que nous faisions était incompatible avec les règles", a dit le politicien, qui n'a exprimé aucun regret.
À propos d'une photo prise lors d'un rassemblement pour le départ d'un membre de son équipe, il s'est défendu: "Je comprends que les gens qui regardent cette photo penseront qu'il s'agissait d'un événement social. (...) Ce n'était pas un événement social. (...) Ce n'était pas une fête."
Avant l'audition, la commission avait, dans un document de 110 pages, retracé les déclarations officielles de Boris Johnson et ce qui se passait alors à Downing Street.
En mai 2020, Boris Johnson demande à "l'ensemble du pays d'obéir aux règles", mais participe quelques jours plus tard à une garden party à Downing Street.
Le 10 juin, il "exhorte tout le monde à continuer de faire preuve de retenue et de respecter les règles" et participe le 19 à une fête d'anniversaire organisée pour lui par son épouse Carrie.
Et en novembre 2020, à l'occasion d'une petite fête, toujours à Downing Street, il ironise sur le fait que "c'est probablement le rassemblement le moins respectueux de la distanciation sociale dans tout le Royaume-Uni."
Boris Johnson a, tout au long de l'audition, plaidé la bonne foi.
Sa défense, assurée notamment par David Pannick, l'un des avocats les plus célèbres du pays, a coûté aux contribuables plus de 220.000 livres sterling (249.540 euros), selon les médias britanniques.
L'enjeu est considérable pour le tonitruant dirigeant désormais simple député: si la commission de sept députés, dont quatre conservateurs, conclut qu'il a intentionnellement menti au parlement sur les fêtes à Downing Street durant le confinement, Boris Johnson risque de perdre son siège de député, compromettant la suite de sa carrière politique.
Le scandale du partygate lui a déjà coûté son poste de Premier ministre en juillet et a entrainé le Royaume-Uni dans des mois d'instabilité politique.
La commission parlementaire, accusée de s'être lancée dans une chasse aux sorcières par les partisans de Johnson, doit déterminer s'il a menti délibérément à la Chambre des Communes, notamment lorsqu'il a affirmé en décembre 2021 devant les députés que "les règles ont tout le temps été respectées" à Downing Street pendant la pandémie.
Les députés voteront sur les sanctions qu'il pourrait encourir, y compris une suspension, qui si elle dépasse 10 jours pourrait déclencher une élection partielle dans sa circonscription, où sa majorité est faible.
Les propos de Boris Johnson ont déclenché la colère des familles de victimes de la pandémie, qui a fait plus de 220.000 morts au Royaume-Uni, le bilan le plus élevé en Europe après la Russie.
"S'il avait du respect, il démissionnerait de son siège de député et réfléchirait calmement à la douleur et à la souffrance qu'il a infligées", a commenté l'association "Bereaved Families for Justice".