Le couronnement de Charles III, “un coup de pouce à l’économie britannique”? Le coût de l'événement ravive les critiques contre la monarchie
Selon les calculs des différents médias, la facture de l’événement du couronnement de Charles III s’élèvera entre 50 et… 250 millions de livres. C’est difficile à avaler pour une partie de la population qui peine à nouer les deux bouts. Et cela nourrit l’opposition des détracteurs de la monarchie. Pour d’autres, le couronnement est une manne.
Publié le 05-05-2023 à 11h22 - Mis à jour le 05-05-2023 à 18h50
Portez du jaune et brandissez des pancartes de la même couleur. L’organisation Republic a fait passer le mot d’ordre au millier (espéré) de personnes qui protesteront, samedi à Trafalgar Square, lors du passage du carrosse de Charles III, afin qu’elles se distinguent de la marée bleu-rouge-blanc des drapeaux Union Jack qu’agitera le public massé sur le trajet qui relie l’abbaye de Westminster au palais de Buckingam. Fondée en 1983, Republic veut profiter de la cérémonie du couronnement pour mener la plus vaste manifestation contre la monarchie, à Londres et dans d’autres villes du pays.
Il y a quelques mois, le directeur de l’organisation républicaine, Graham Smith, avait précisé dans un entretien accordé à La Libre que ce n’était pas Charles III, ou sa mère Elizabeth II, en tant qu’individus, qui étaient la cible de leur opposition, mais l’institution monarchique. Republic la considère comme “un affront à la démocratie” ne fût-ce que parce que le souverain n’est pas élu, mais bénéficie d’une transmission héréditaire de son titre et de son pouvoir.
Toujours selon Republic, la monarchie prive aussi les Britanniques d’un vrai chef d’État, puisque l’action et la parole du Roi (ou de la Reine) sont encadrées par le gouvernement. De plus, dénonçait encore Graham Smith, les membres de la famille royale “font pression auprès des politiciens pour que les lois ne s’appliquent pas à eux”. Et de citer en exemple le fait que le roi Charles a hérité de sa mère sans devoir s’acquitter des droits de succession.
Une monarchie coûteuse, mais riche
Parmi les reproches adressés à la monarchie, l’un des plus récurrents est son coût pour la collectivité. Republic l’estime à 345 millions de livres sterling (environ 393 millions d’euros) par an.
Cette critique prend de l’ampleur à l’approche du couronnement de Charles III, cérémonie fastueuse et onéreuse. Il n’y a pas eu de communication officielle sur le coût de l’événement. “Les vrais chiffres seront partagés en temps voulu”, a promis le Palais de Buckingham. En attendant, les médias britanniques ont fait leurs calculs, qui aboutissent à des montants compris entre 50 et 100 millions de livres sterling (57 et 114 millions d’euros). Le Daily Mirror calcule pour sa part que le coût la seule sécurité atteindra 150 millions de livres (170 millions d’euros), et qu’au total, la facture s’élèvera à 250 millions de livres sterling (près de 285 millions d’euros). À titre de comparaison, en 1953, l’addition pour le couronnement de Elizabeth II s'était chiffrée à 1,5 million de livres, soit 56 millions de livres actuels (près de 64 millions d’euros) – et ce alors que celui de son fils sera plus court et que d’un couronnement à l’autre, le nombre d’invités a presque été divisé par quatre, passant de plus de 8000 à un peu plus de 2000.
Celles et ceux qui déplorent le coût de l’événement font valoir que la famille royale, qui en supportera une partie, a des reins financiers assez solides pour régler seule la note. L’état des finances et du patrimoine de la famille royale reste entouré d’opacité, notamment sur ce qui relève de la fortune privée et de la dotation publique. Le quotidien de gauche The Guardian a mené une enquête sur le patrimoine des Windsor. La fortune de Charles III, pour ne parler que de lui, s’élèverait à 1,8 milliard de livres (2 milliards d’euros) – un chiffre contesté par le Palais de Buckingham.

”Un coup de pouce à l’économie”
Toujours est-il qu’à la différence des mariages royaux, financés par la Couronne, la cérémonie de samedi le sera en partie par les deniers publics, vu qu'il s'agit d'un événement d'État. Quand bien même le coût par personne reste limité une fois réparti sur l’ensemble de la population, cela reste difficile à avaler pour une partie des Britanniques. Et ce à plus forte raison que le Royaume-Uni traverse une période de vaches maigres, notamment provoquée par une inflation supérieure à 10 % qui a fait exploser le coût de la vie, à commencer par les prix de produits alimentaires et de l’énergie. Le Brexit n’arrange rien et le pays traverse une période de tumulte social, comme en témoigne la multiplication des grèves.
Selon un récent sondage YouGov, 51 % des sondés jugent que le gouvernement ne devrait pas payer pour le couronnement, tandis que 32 % sont de l’opinion contraire et 18 % sans avis.
”Une occasion nationale comme celle-ci, une grande occasion d’État, attire un énorme intérêt mondial qui fait plus que rembourser les dépenses qui l’accompagnent”, assure le Palais de Buckingham, insistant sur le fait que l’événement va générer des revenus et donner “un coup de pouce à l’économie”. Le secteur de l’horeca, en tout cas, se frotte déjà les mains. Selon son organisation UK Hospitality, lors du week-end à venir prolongé jusqu’à lundi, les caisses des hôtels, restaurants et pubs devraient gonfler de 350 millions de livres.
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