En perte de vitesse, le parti conservateur britannique penche à droite toute
La ministre de l’intérieur Suella Braverman est la figure de proue de l’aile droite du parti conservateur britannique. Signe de la radicalisation des tories au cours de leurs treize années au pouvoir, le ministre Michael Gove fait aujourd’hui figure de modéré.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/0f2656b9-db0e-438f-9d4a-f0d276ddf2f3.png)
Publié le 23-05-2023 à 09h39 - Mis à jour le 23-05-2023 à 10h27
:focal(1995x1278.5:2005x1268.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7BWQPJB4M5FKXCS5I47GAHDGKA.jpg)
A quoi se trouve réduit un parti en perte de vitesse après treize années de pouvoir et la multiplication des scandales chez ses élus de clientélisme, de népotisme et de harcèlement moral ? L’organisation la semaine dernière à Londres de la conférence sur le conservatisme national en donne un aperçu. Son origine est à elle seule tout un programme : elle est le produit du centre de réflexion américain Edmund Burke, dirigé par l’auteur américano-israélien Yoram Hazony, dont les idées nationales populistes ont, semble-t-il, influencé l’administration Trump.
La prédécente édition de l’événement, à Londres en 2019, n’avait attiré qu’un seul député du parti conservateur, le radical Daniel Kawczynski. Cette année, deux membres du cabinet gouvernemental y ont participé, ainsi qu’une douzaine de députés, des membres de la Chambre des Lords, d’anciens ministres et ex-députés européens, etc.
Parmi eux, la jeune députée Miriam Cates. À l’image du Premier ministre hongrois Viktor Orban ou de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, elle a présenté la faiblesse de la natalité comme “la seule menace qui pèse sur le conservatisme britannique et sur l’ensemble de la société occidentale”. En cause : “le marxisme culturel”, “un endoctrinement” qui démoraliserait “les jeunes esprits” en leur inculquant que “notre pays est raciste, nos héros sont des gens horribles, l’humanité tue la terre, la diversité est la nouvelle théologie” etc.
Attaque contre “les experts et les élites”
La ministre de l’Intérieur Suella Braverman a complété la démonstration de sa collègue en pointant du doigt “l’ethnicité de certains des membres des gangs de violeurs”. Avec toujours la volonté de s’en prendre à la gauche, coupable de faiblesse et de laisser-faire. Cet épisode est bien connu en Angleterre : ces gangs ont effectivement pu continuer à agir car des fonctionnaires ont craint d’être taxés de racisme s’ils avaient lancé des enquêtes à leurs rencontres. À l’inverse, Suella Braverman a pointé avec fierté que “le conservatisme n’a rien à voir avec le politiquement correct” et attaqué “experts et élites”.
Tous les conservateurs ne soutiennent pourtant pas ce discours. Preuve de la droitisation des tories, le ministre au Logement et aux Communautés Michael Gove fait aujourd’hui figure de modéré. Lui qui avait empêché Boris Johnson de devenir Premier ministre au lendemain du référendum sur le Brexit, car il jugeait l’ancien maire de Londres trop laxiste en matière d’immigration… Lors de cette même conférence, il a estimé “essentiel de ne pas nier la réalité biologique ou de ne pas penser que nous devons nous excuser à propos de certains aspects de notre passé, qui sont de véritables sources de fierté”.
Il a pourtant rappelé que “lorsqu’il s’agit de la tâche ennuyeuse et vulgaire de gagner des élections générales, et de la tâche encore plus ennuyeuse et encore plus décourageante de gouverner, le plus important est de se concentrer sur les bonnes politiques économiques, les bonnes politiques de prestation de services publics, etc. ”. Un discours sans doute jugé pessimiste et démoralisateur tant les conservateurs ont peu d’arguments à avancer dans ces domaines. Et si, au fond, Michael Gove était-il un des “marxistes” désignés par sa collègue Braverman ?