Un vrai test électoral pour le Premier ministre espagnol

Rendez-vous régional et municipal à six mois des législatives pour Pedro Sanchez.

Rendez-vous régional et municipal à six mois des législatives pour Pedro Sanchez.
Rendez-vous régional et municipal à six mois des législatives pour Pedro Sanchez. ©AP

À la tête d’une coalition hétéroclite qui a encaissé des bourrasques mais est parvenue maintenir le cap depuis 2018, le socialiste Pedro Sanchez s’apprête à vivre une "journée de vérité" ce dimanche 28 mai qui verra les Espagnols se rendre dans les isoloirs pour des scrutins régionaux et municipaux à six mois de législatives très ouvertes.

Sur les douze régions (sur un total de dix-sept) qui éliront dimanche leur assemblée et donc leur gouvernement, dix sont dirigées par son parti, soit directement soit comme membre de la coalition au pouvoir.

Dotées d’énormes compétences, notamment en matière de santé ou d’éducation, les régions gouvernées par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ont constitué des alliés précieux pour M. Sanchez ces dernières années, en particulier lors de la crise du Covid-19.

Virage à droite ?

Mais le scrutin de dimanche devrait marquer "un virage à droite", dont l'"intensité" pourrait conditionner le résultat des législatives, estime Pablo Simon, politologue à l'université Carlos III de Madrid. La date précise de ces législatives, qui doivent se tenir avant la fin de l'année, n'a pas encore été fixée.

En tête des sondages au niveau national depuis plusieurs mois, le Parti populaire (PP), principale formation de l’opposition de droite, a présenté ces élections comme un référendum anti-Sanchez.

"Il reste cinq jours avant de voter", a dit mardi son chef, Alberto Nuñez Feijoo, "et c'est seulement en votant pour le PP que nous pourrons commencer à tourner la page du 'sanchisme'", néologisme formé autour du nom du Premier ministre.

Aidé par la quasi-extinction du parti de centre droit Ciudadanos, le PP pourrait, selon les derniers sondages, remporter quatre régions actuellement entre les mains de la gauche : la Rioja et l’Aragon dans le nord, l’archipel des Baléares et la région de Valence dans l’est… Pour y arriver, le PP devra toujours compter sur le soutien du parti d’extrême droite Vox. Le PP gouverne déjà depuis l’an dernier avec Vox dans la région rurale de Castille-et-Leon. Une union souvent délicate et embarrassée par les prises de position du partenaire ultranationaliste, notamment sur l’avortement.

Vox est "déterminé à rentrer dans un maximum de gouvernements régionaux", mais le PP "préférerait minimiser sa présence […] afin d'éviter des controverses […] qui pourraient démobiliser les électeurs centristes" lors des législatives, juge Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo.

Selon Cristina Monge, politologue à l'université de Saragosse, ce "dilemme" pèse sur M. Feijoo, qui a suscité "d'énormes attentes" lors de son arrivée à la tête du PP il y a un an en "vendant une image de modéré", mais "qui ne sait pas quelle stratégie adopter" à l'égard de l'extrême droite.

Fort d’un bon bilan économique et de mesures anti-inflation qui semblent avoir eu un impact réel sur le panier de la ménagère, M. Sanchez tente de mobiliser la gauche sur le risque représenté par Vox et multiplie les annonces depuis des semaines, aux quatre coins de l’Espagne, en matière de logement ou de santé publique.

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