Après le triomphe de la droite aux élections locales en Espagne, Pedro Sánchez annonce des législatives anticipées
Les élections régionales et municipales de ce dimanche ont donné une très large victoire au Parti populaire. Avec la formation d’extrême droite Vox, il arrache six régions et deux villes majeures à la gauche. Alberto Núñez Feijóo, président national du PP, fait un pas vers la Moncloa.
- Publié le 29-05-2023 à 17h26
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La droite exulte en Espagne. Elle vient de remporter une bataille décisive dans sa lutte pour reprendre le pouvoir à la coalition de gauche qui gouverne actuellement le pays, sous la houlette du socialiste Pedro Sánchez. Ce dimanche, les Espagnols ont élu leurs représentants politiques dans douze des dix-sept régions autonomes du pays, dans les villes autonomes de Ceuta et Melilla, ainsi que dans la quasi-totalité des communes. Alors que la majorité des régions étaient contrôlées par la gauche, la tendance s’est inversée. La même chose s’est produite dans les grandes villes. Le tout à quelques semaines des élections législatives, que Pedro Sánchez a annoncées à la surprise générale, lundi matin, pour le 23 juillet. Elles donneront la prochaine majorité au niveau national.
Le vainqueur incontestable du scrutin est le Parti populaire (PP, droite classique). En position de gouverner dans neuf des douze régions en jeu, il accumule 31,5 % du vote municipal dans le pays. Seules trois régions restent aux mains des socialistes, qui ne captent que 28,11 % des voix aux municipales. Le PP renforce sa majorité absolue dans certains grands fiefs, comme Madrid, et s’impose comme première force dans six des régions jusque-là aux mains de la gauche. Dans cinq d’entre elles, il aura toutefois besoin de s’entendre avec la formation d’extrême droite Vox.
L’entente entre droite et extrême droite permet également aux populaires de prendre les mairies de Séville, traditionnel bastion socialiste, et de Valence, troisième ville du pays, dirigée par une coalition de gauche. À Barcelone, le parti indépendantiste Junts Per Catalunya détrône Ada Colau, emblématique maire de gauche radicale.
Au passage, Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (libéral, proche de la droite), partis surgis dans le sillage de la crise financière de 2008 avec l’ambition d’apporter une “nouvelle politique” en Espagne, semblent s’éteindre. Ciudadanos a presque complètement disparu.
Qui remporte les locales gagne généralement les législatives qui suivent
“La gauche dirigeait la majorité des régions. Elle les a presque toutes perdues”, constate Fernando Vallespín, professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Madrid. “Le PP triomphe parce qu’il a absorbé tous les votes de Ciudadanos, et parce que Podemos s’est beaucoup affaibli. Le discrédit jeté sur Pedro Sánchez a peut-être aussi entraîné une défaite de la gauche, dans des élections dépeintes comme un plébiscite, par l’opposition comme pas lui-même.”

“Nous avons fait le premier pas vers un nouveau cycle politique, que nous allons ouvrir dans les mois qui viennent”, s’est réjoui Alberto Núñez Feijóo, président national du PP, dimanche soir. Si son parti gagne les législatives, il sera le prochain Premier ministre. Ces élections locales sont très proches des législatives dans le temps. “Généralement, celui qui les gagne remporte aussi les législatives”, rappelle Fernando Vallespín. Les leaders nationaux des différents partis ont présenté le rendez-vous démocratique d’hier comme un “premier tour” des législatives.
Seule ombre au tableau pour le PP : le score de Vox. Sans majorité absolue sur de nombreux territoires, la droite classique devra se mettre d’accord avec l’extrême droite pour obtenir l’investiture. Ce qui laisse présager d’une situation similaire aux législatives. Un épouvantail pour les électeurs tentés de basculer à droite. “Mais le PP a enregistré une victoire assez solide pour demander à Vox de voter les investitures locales sans entrer au gouvernement”, tempère Fernando Vallespín. “Et faut garder à l’esprit qu’en Europe ce type d’alliances semblent de plus en plus normales.”