À l’approche des élections anticipées, Pedro Sánchez décide de reporter son discours d’ouverture de la présidence espagnole de l’Union européenne
Premier ministre par intérim depuis la dissolution du Parlement espagnol, il aurait présenté les priorités de son pays pour cette présidence en pleine campagne électorale, à dix jours des élections.
- Publié le 04-06-2023 à 11h19
- Mis à jour le 04-06-2023 à 11h20
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Nouvelle réplique, après le séisme politique déclenché par la défaite cinglante du parti socialiste au pouvoir en Espagne, lors des élections locales du 28 mai. Le discours que le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez devait présenter cet été devant le Parlement européen, à l’occasion de l’ouverture de la présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne (UE), va être reporté à septembre à sa propre demande. Il devait s’exprimer le 13 juillet. Soit à peine dix jours avant les élections générales anticipées, que Pedro Sanchez a convoquées par surprise pour le 23 juillet, dans l’espoir de rebâtir la légitimité de sa formation politique.
Ce discours devant l’assemblée plénière du Parlement européen, à Strasbourg, est traditionnellement prononcé par le chef de gouvernement du pays qui assume la présidence tournante du Conseil de l’UE, dès qu’elle commence. La présidence espagnole doit démarrer le 1er juillet prochain. Elle dirigera les travaux du Conseil pendant six mois. Cette allocution sert donc à présenter les priorités qu’elle a définies.
Mais le 13 juillet, Pedro Sánchez, chef de file du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), se serait exprimé devant les députés européens en tant que Premier ministre par intérim, peut-être remplacé d’ici septembre et, surtout, en tant que candidat en pleine campagne.
Vendredi matin, la presse révélait également que l’eurodéputé Manfred Weber, leader du groupe conservateur Parti populaire européen (PPE), avait envoyé une lettre à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, également affiliée au PPE, pour demander le report de ce discours du Premier ministre espagnol. M. Weber y écrivait que les priorités de cette présidence semestrielle auraient un rôle clé à l’heure où l’Europe affronte les conséquences de la guerre en Ukraine. Reporter cette allocution permettrait qu’elle soit prononcée par le chef du gouvernement désigné par les urnes en juillet, loin des “batailles politiques internes du pays”.
Un renoncement ?
Certains, en Espagne, ont interprété la demande de report adressée par La Moncloa, dévoilée quelques heures plus tard, comme un renoncement de Pedro Sánchez face à la pression exercée par le PPE, qui soutient forcément le candidat espagnol de l’opposition, Alberto Nunez Feijoo, chef de file du Parti populaire (droite, PP). Mais la présidence du gouvernement, à Madrid, assure que cette idée avait déjà été formulée le lendemain de la convocation de nouvelles élections, sur instruction du Premier ministre socialiste lui-même.
Selon l’agence Europa Presse, dans le groupe des Socialistes et démocrates européens (S&D), on souligne la responsabilité et la loyauté institutionnelle de Pedro Sánchez. “[Manfred] Weber et le PP tentent de faire un usage partisan et manipulateur des institutions européennes”, accuse Iratxe García, cheffe de file des socialistes au Parlement de Strasbourg, rapporte l’agence de presse espagnole.