Manigances et coups tordus : voici le retour du partygate
Le scandale des apéritifs organisés au sein de ministères britanniques pendant la pandémie revient à la surface.
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- Publié le 04-06-2023 à 18h57
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Le Partygate a détruit la réputation du parti conservateur et il a coûté sa place de Premier ministre à Boris Johnson. Un an et demi après les premières révélations sur la dizaine d’apéritifs organisés au sein de ministères pendant la pandémie de Covid-19, cette affaire secoue de nouveau le gouvernement britannique. Avec, encore et toujours au centre de cette affaire, BoJo.
Ce dernier épisode débute le 23 mai. Le quotidien de centre-droit The Times révèle que le gouvernement a fait parvenir quelques jours plus tôt à la police des informations sur la possible brèche par Boris Johnson des règles du confinement suite à la visite de plusieurs personnes à sa résidence de campagne officielle en juin 2020 et en mai 2021. Le gouvernement avait obtenu ces informations de la main même des avocats mandatés par Boris Johnson et rémunérés par le gouvernement pour préparer sa défense en vue d’une vaste enquête publique sur la gestion de la pandémie.
Furieux, Boris Johnson avait immédiatement mis fin à sa collaboration avec ces avocats. Le jour de la révélation, avec sa nouvelle équipe, il diffuse un communiqué dans lequel il assure que “l’affirmation du gouvernement selon laquelle il y a eu d’autres violations des règles du Covid est totalement fausse. Des avocats ont examiné les événements en question et ont indiqué qu’ils étaient légaux”. Avant d’estimer que “nombreux sont ceux qui concluront qu’il s’agit là d’un nouveau coup monté pour des raisons politiques”, pointant du doigt le Premier ministre Rishi Sunak, sans le nommer. Ces nouveaux doutes interviennent à un moment sensible pour l’ancien Premier ministre, qui demeure sous le coup d’une enquête parlementaire visant à déterminer s’il a ou non menti délibérément au parlement concernant la tenue des apéritifs à Downing Street pendant le confinement. Son avenir politique est en jeu.
Au même moment, Heather Hallett, chargée de l’enquête publique sur la gestion de la pandémie, fait savoir qu’elle avait réclamé au gouvernement l’intégralité de la correspondance professionnelle de Boris Johnson et les vingt-quatre carnets rédigés par celui-ci depuis janvier 2020. Sans succès. La première date limite du 12 mai avait été dépassée, avant d’être repoussée au 30 mai et finalement au 1er juin.
Quelques heures avant la fin de l'ultimatum, le gouvernement annonce qu’il réclame une analyse judiciaire de la situation par un juge de la haute cour de justice. Il estime en effet que la demande d’Heather Hallett de fournir “du matériel non pertinent” à l’enquête “va au-delà des pouvoirs de l’enquête”. “Cela représente une intrusion injustifiée dans d’autres aspects du travail du gouvernement”, précisent dans leur courrier les juristes du gouvernement. En effet, les communications entre ministres sont gardées secrètes pendant trente ans, pour s’assurer que les officiels peuvent discuter librement entre eux de sujets politiques. Si une enquête publique peut demander à accéder à certaines d’entre elles, celles-ci doivent être considérées comme “potentiellement pertinentes”. Or Heather Hallett, une ancienne juge de la haute cour de justice, entend déterminer elle-même si les échanges sont pertinents ou non.
Pour ajouter de la confusion à cette affaire, le même jour, Boris Johnson indique dans une lettre à Heather Hallett son accord pour lui remettre “ses quarante conversations écrites sur WhatsApp”. En rupture donc avec la décision du gouvernement, même s’il reconnaît avec “sa position de principe”. Nul doute : il n’entend pas passer une nouvelle fois pour le vilain petit canard du parti et accorder une victoire totale à son ancien responsable des finances Rishi Sunak.