Libre, mais pas trop... Qui est Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale française ?
Mettant volontiers en scène jusqu’ici son indépendance, cette femme de 52 ans a succombé à la pression du gouvernement et retoqué l’amendement visant à abroger la réforme des retraites.
- Publié le 07-06-2023 à 19h45
- Mis à jour le 07-06-2023 à 19h28
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Du haut de son perchoir, Yaël Braun-Pivet a finalement décidé de ne pas laisser les 577 députés réunis dans l’hémicycle du Palais Bourbon examiner le 8 juin un amendement déposé par l’opposition visant à abroger le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Madame la présidente met ainsi un coup d’arrêt à la contestation à la réforme des retraites. Longtemps prise entre deux feux, elle obéit finalement aux ordres d’Emmanuel Macron, en macroniste bon teint.
Jusque-là, cette femme de 52 ans jouait pourtant sa petite musique et mettait volontiers en scène son indépendance, quitte à agacer la macronie. Mais sans longue carrière politique à son actif, sans fief, sans poids lourds à ses côtés, comment aurait-elle pu se forger une véritable stature politique et oser défier le chef de l’État, à qui elle doit tout ?
Mère de cinq enfants, avocate en droit pénal de formation, rien ne prédestinait Yaël Braun-Pivet à devenir la première femme présidente de l’Assemblée nationale, succédant à Richard Ferrand qui avait été défait au second tour des législatives.
Elle a d'abord vécu en famille pendant neuf ans à l'étranger (à Taïwan, au Japon puis au Portugal). À son retour en France, elle s'engage en tant que bénévole au sein des Restos du Cœur dont elle prend la direction du département "accès à la justice". Membre du parti socialiste puis de La République en marche, elle est élue députée des Yvelines en 2017. Après avoir été une éphémère ministre des Outre-mer, elle préside la commission des Lois de l'Assemblée nationale. En juin 2022, quand elle est élue au perchoir au deuxième tour d'un vote des députés par 242 voix, soit la majorité absolue des suffrages exprimés qui était nécessaire, Emmanuel Macron laisse fuiter sa colère : il lui préférait un autre candidat. Las, elle fait le job sans accrocs. "Je suis fidèle à mes convictions" répète-t-elle volontiers.
En empêchant les députés d’examiner l’amendement litigieux, cette femme réputée libre a tranché en faveur de son propre camp. On la dit ambitieuse, certains lui prêtent même des velléités présidentielles. Les députés de l’opposition peuvent la honnir, ce ne sont pas eux qui assureront son avenir politique…