La Hongrie juge l'accord sur la politique migratoire européenne "inacceptable"
Le Premier ministre hongrois nationaliste Viktor Orban a qualifié vendredi d'"inacceptable" l'accord trouvé la veille par les ministres européens de l'Intérieur sur une réforme de la politique migratoire, après de difficiles négociations.
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- Publié le 09-06-2023 à 10h53
"Bruxelles abuse de son pouvoir. Ils veulent +relocaliser+ les migrants vers la Hongrie par la force. C'est inacceptable", a-t-il réagi dans un message posté sur Facebook.
La réforme prévoit notamment un système de solidarité entre Etats membres dans la prise en charge des réfugiés.
Ils seraient tenus d'accueillir un certain nombre de ces demandeurs arrivés dans un pays de l'Union européenne soumis à une pression migratoire, ou à défaut d'apporter une contribution financière.
La compensation financière prévue est de quelque 20.000 euros pour chaque demandeur d'asile non relocalisé.
La Pologne et la Hongrie ont voté contre ces propositions, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues, a-t-on appris auprès de la présidence suédoise du Conseil de l'UE, qui a mené les discussions.
Le ministre de l'Intérieur adjoint Bence Retvari a fustigé le système de solidarité "obligatoire" prévu par le texte, "signifiant que les Etats membres n'auront plus leur mot à dire sur qui réside sur leur territoire".
Il s'agit d'un "fardeau disproportionné" pour la Hongrie, a-t-il estimé, critiquant "le manque de fonds de l'UE" pour financer les coûts de protection de la frontière.
Le responsable hongrois a également critiqué le processus comme "bafouant les valeurs européennes", les textes ayant été soumis "quelques minutes, au mieux une demi-heure" avant le vote qui nécessitait l'aval de 15 des 27 pays membres, représentant au moins 65% de la population de l'UE.
"Les gouvernements pro-migration ont "fait pression" sur leurs partenaires, a-t-il déploré.
L'accord trouvé ouvre la voie à des pourparlers avec le Parlement européen, en vue d'une adoption de la réforme avant les élections européennes de juin 2024.
Sous l'égide de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, la Hongrie a bâti des clôtures à ses frontières et restreint le dépôt des demandes d'asile aux ambassades à l'étranger, une politique qui lui a valu plusieurs condamnations de la Cour de justice de l'UE.
L'an dernier, seules 18 personnes y ont obtenu le statut de réfugiés, un chiffre dérisoire qui n'a pas d'équivalent dans d'autres pays de l'Union européenne (UE).