Attaque à Annecy : l'assaillant mis en examen pour "tentatives d'assassinat"
L'homme a été placé en détention provisoire. La procureure a donné une conférence de presse.
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- Publié le 10-06-2023 à 13h26
- Mis à jour le 11-06-2023 à 18h50
Le réfugié syrien qui a poignardé six personnes dont quatre très jeunes enfants dans un parc d'Annecy a été mis en examen pour "tentatives d'assassinat" et "rébellion avec arme" et placé en détention provisoire, a indiqué samedi la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis.
Abdalmasih H. a également été mis en examen pour "rébellion avec arme" en raison des conditions de son interpellation. L'assaillant, lui a continué à se barricader dans son silence: "Il n'a pas souhaité s'exprimer", aussi bien lors de sa garde à vue de 48 heures que devant les deux juges d'instruction chargés de l'enquête, a-t-elle ajouté.
"Le médecin psychiatre a relevé l'absence d'éléments délirants francs", a-t-elle souligné, avant de nuancer: "toutefois, il est prématuré de porter une éventuelle appréciation pour se prononcer sur une présence ou absence de pathologie psychiatrique".
Pas de "motivation terroriste" à ce stade, a-t-elle ajouté, même si des témoins l'ont entendu mentionner le nom de "Jesus Christ" pendant l'attaque.
Depuis son interpellation, l'assaillant âgé de 31 ans n'a donné aucune explication et fait "obstruction à la garde à vue", notamment en se "roulant par terre", ont indiqué des sources proches de l'enquête à l'AFP. "La folie est une excuse trop facile, c'est important de savoir qu'il est auditionné et qu'on ne le considère pas simplement comme quelqu'un de délirant", a commenté vendredi soir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Le pronostic vital n'est "plus engagé" pour les victimes
Le pronostic vital des victimes de l'attaque n'est "plus engagé", a aussi indiqué samedi la procureure d'Annecy Line Bonnet, ajoutant que la petite Britannique pourrait quitter l'hôpital "dans les prochains jours". Sur les six personnes touchées par l'attaque au couteau du réfugié dans un parc d'Annecy, quatre très jeunes enfants de 22 à 36 mois avaient dû être hospitalisés en urgence absolue, dans un premier temps. Un adulte avait lui aussi été grièvement blessé, tandis qu'un autre avait été légèrement blessé.
Abdalmasih H., qui se dit chrétien, avait obtenu fin 2013 un permis de séjour permanent après avoir reçu l'asile, ce qui lui conférait le statut de réfugié en Suède. Mais il avait plusieurs fois échoué à obtenir la nationalité suédoise depuis 2017. Il a quitté sa famille après dix ans passés en Suède, et, avant d'arriver à Annecy était passé par l'Italie et par la Suisse.
"Je n'ai rien remarqué de déviant chez lui, il semblait être une personne normale", a déclaré à l'AFP Me Moa Englund-Flodström, son ex-avocate en Suède, qui l'a défendu brièvement dans un dossier de délit mineur. Selon le quotidien suédois Dagens Nyheter, il s'agissait d'une fraude à l'aide sociale de faible montant.
Quittant son enfant de trois ans, il s'était séparé de son épouse suédoise, d'origine syrienne et réfugiée comme lui, et avait rejoint la France, pouvant voyager librement. Il y avait déposé une demande d'asile, ce qu'il avait également fait en Suisse et en Italie. Sa demande d'asile en France avait été rejetée quatre jours seulement avant l'attaque, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin évoquant un "coïncidence troublante".
A Annecy, il était sans domicile fixe et vivait dans les parties communes d'un immeuble, a indiqué la procureure.
La Ville d'Annecy organisera dimanche à 11h00 un "rassemblement citoyen en soutien aux victimes et à leurs proches", pour un "moment de solidarité et de fraternité", a indiqué la mairie.