En quoi consiste le décret “Caivano” de Giorgia Meloni, qui renforce son image de “femme à la poigne de fer”?
Selon le décret "Caivano", il sera plus facile de condamner un mineur à une peine de prison.
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- Publié le 08-09-2023 à 23h27
- Mis à jour le 08-09-2023 à 23h28
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“Le décret du gouvernement ne veut pas jeter en prison des gamins de douze ans”, précise Giorgia Meloni face aux journalistes réunis pour la conférence de presse après le conseil des Ministres, jeudi en début de soirée. Elle tient sans doute à prendre un peu de distance de son allié, Matteo Salvini, qui avait clairement demandé d’abaisser la responsabilité pénale en dessous de quatorze ans. Un pas que Giorgia Meloni n’a pas osé franchir.
Mais le décret du gouvernement est clairement répressif. Désormais, en Italie, ce sera plus facile de condamner un mineur d’âge à une peine de prison. Car après plusieurs faits de violences impliquant des adolescents, Giorgia Meloni a décidé de se montrer intransigeante contre la criminalité juvénile.
L’horreur à Caivano
Le nom du quartier pourrait être celui d’une banlieue paisible. “Parco verde”, ce qui signifie “parc vert”, est pourtant le nom de la cité sociale tristement connue de Caivano, l’un des quartiers les plus dangereux de la périphérie napolitaine. C’est ici que deux filles de treize ans ont été violées en juillet dernier par un groupe d’adolescents. Le plus âgé n’avait que 19 ans. Des faits de violence sexuelle se répétaient depuis des mois dans cette ancienne salle de sport abandonnée aux trafiquants de drogue. Car dans les rues de Caivano ce sont les clans mafieux qui font la loi.
”Je suis ici pour montrer mon soutien aux victimes”, avait déclaré Giorgia Meloni jeudi dernier lors de sa visite à la cité sociale, invitée par le prêtre anti-mafia, Don Patriciello. “Mais aussi pour vous dire que ce territoire sera radicalement nettoyé car le message principal que nous voulons donner est qu’en Italie, il ne peut exister aucune zone franche !” Triste coïncidence, le jour de la visite de Giorgia Meloni, un autre fait divers allait choquer l’opinion publique en Italie. Un jeune musicien de 24 ans était abattu froidement d’une balle dans la poitrine, en plein centre de Naples, tué par un adolescent de seize ans, pour une histoire de scooter mal garé.
Plusieurs faits divers et des cas de viols impliquant des adolescents ont donc poussé le gouvernement à passer immédiatement des paroles aux actes. Cette semaine, plusieurs opérations de police, impliquant plus de mille hommes des forces de l’ordre, ont été menées dans les banlieues de Rome et de Naples. Bilan : quelques arrestations et un demi-kilo de drogue, deux cent mille euros et des armes blanches saisis.
Des adolescents en prison
Le décret “Caivano” approuvé par le gouvernement dans la foulée des opérations policières, prévoit que le trafic de drogue ou la détention d’armes à feu seront punissables d’une peine de prison déjà à partir de l’âge quatorze ans. “Le gouvernement n’a pas froid aux yeux”, a déclaré Giorgia Meloni, lors de la conférence de presse au cours de laquelle les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont expliqué les mesures.
”Nous avons décidé d’intervenir aussi contre les parents qui n’exercent pas leur devoir correctement”, a ainsi expliqué Carlo Nordio, ancien magistrat devenu ministre de la justice, “parce que souvent les racines de la délinquance juvénile se trouvent dans le manque de sens civique des familles.” Ainsi les parents qui n’envoient pas leurs enfants à l’école seront poursuivis et risquent une peine allant jusqu’à deux ans de réclusion. Avant, ils recevaient une amende de trente euros. “C’est ainsi que nous pouvons directement aider les mineurs”, a conclu le ministre alors que les instituteurs de rue à Naples demandaient plus de présence sociale sur le territoire.
La gauche et certains magistrats s’insurgent, estimant que “la prison n’est pas l’endroit idéal pour sauver des adolescents et les remettre sur rails.”
Cette opération sécuritaire tombe au bon moment pour Giorgia Meloni. Alors que les ressources financières ne lui permettront pas de réaliser ses promesses électorales et que les arrivées de milliers de migrants la mettent en difficulté, ce décret contre la délinquance juvénile renforce son image de “femme à la poigne de fer”, la sécurité étant aussi en tête des priorités de son électorat.